Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du jeudi 8 avril 2021 à 15h00
Droit à une fin de vie libre et choisie — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Avec les meilleures intentions du monde, à l'aide de notions apparemment incontestables comme la compassion, la dignité ou l'aide à mourir, voilà qu'on veut légaliser la mise à mort de certains patients par leurs soignants, en pleine pandémie, au moment où ces mêmes soignants se battent pour sauver des vies.

« Je lance aujourd'hui un appel solennel aux parlementaires d'aujourd'hui et de demain : n'abolissez pas nos vies ! Surtout pas celles des plus fragiles. Vous ne vous rendez pas compte du désastre que provoque chez les personnes qui se débattent avec des vies difficiles votre soutien à l'euthanasie ou au suicide assisté comme des morts ''libres, dignes et courageuses''. »

Ces mots ne sont pas les miens ; ce sont ceux de Philippe Pozzo di Borgo, cet homme tétraplégique qui a inspiré le film Intouchables. Ils donnent évidemment à réfléchir car le texte que nous examinons aujourd'hui nous fait à mes yeux basculer d'un monde à un autre ; il induit une véritable rupture sociologique et anthropologique et constitue un sujet trop grave pour que nous jouions aux donneurs de leçons – je n'en ai vraiment pas le goût.

En revanche, je crois en la grandeur d'une société qui donne de l'importance à la vie humaine. À l'heure où notre pays procède à d'immenses sacrifices pour sauver des vies, en pleine épidémie de coronavirus, il n'est pas inutile de souligner à quel point les soins palliatifs offrent une réponse pleine d'humanité pour accompagner les personnes en fin de vie. Ils sont malheureusement insuffisamment développés, et c'est sur ce point qu'il nous faudrait travailler davantage.

La France a depuis longtemps fait le choix de l'accompagnement dans la dignité des patients en fin de vie : c'est le fragile équilibre obtenu grâce aux deux lois Leonetti et Claeys-Leonetti qui avaient fait, elles, l'objet de longs débats – rien de commun avec les quelques heures prévues aujourd'hui à la sauvette dans l'hémicycle.

Oui, je crois qu'au lieu de promouvoir un modèle de société qui répond à la souffrance par la mort, il nous faut choisir un modèle de société qui répond à la souffrance par la vie et par ce qu'elle a de meilleur, en accompagnant, en soulageant les souffrances, en offrant du réconfort et de l'espérance. C'est le sens de tous les amendements que j'ai déposés.

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