Intervention de Anna-Bella Failloux

Réunion du jeudi 13 février 2020 à 9h30
Commission d'enquête chargée d'évaluer les recherches, la prévention et les politiques publiques à mener contre la propagation des moustiques aedes et des maladies vectorielles

Anna-Bella Failloux, directrice de recherche à l'Institut Pasteur et responsable de l'équipe « Arbovirus et insectes vecteurs » :

Ce n'est pas une réponse suffisante au manque de formation universitaire en France. Des cours existent, par exemple à l'Institut Pasteur, où je suis responsable d'un cours d'entomologie médicale dispensé en français. Mais c'est un des rares cours en français. Nous sommes en train de passer à l'anglais, alors que nos principaux interlocuteurs sont en Afrique. Nous avons à peu près une dizaine d'Instituts Pasteur en Afrique, et les Africains parlent français, même mieux que nous. Ils ont donc besoin d'un cours en français, et nous l'avons maintenu parce que c'est très important pour nous. Nous nous battons tous les ans pour maintenir ce cours en français. Vous pouvez d'ailleurs encore vous y inscrire, les inscriptions s'arrêtent ce soir !

Bien évidemment, notre collaboration est internationale. Mais nous ne devons pas travailler uniquement entre pays du Nord. Je peux évidemment envoyer des chercheurs aux États-Unis, au Royaume-Uni, à Stockholm ou en Australie, mais ce n'est pas l'objectif. L'objectif est de former les acteurs du Sud. Il faut améliorer leurs connaissances pour qu'un jour, ils s'approprient ces problèmes de santé publique. L'aide ne doit pas venir de l'extérieur. Ils doivent être acteurs de la pathologie. C'est notre objectif.

En entomologie, nous n'avons donc pas une vision élitiste, parce que nous travaillons sur des problèmes orientés « santé publique ». Une demande importante vient de l'Afrique francophone et des territoires ultramarins qui ne comprendraient pas qu'un cours en anglais soit donné à l'Institut Pasteur. D'ailleurs, les anglophones ne viennent pas à l'Institut Pasteur pour suivre un cours en anglais : pour cela, ils vont au Royaume-Uni. Peut-être n'est-ce pas politiquement correct de le dire, mais nous avons un passé colonial qu'il faut assumer. Et je l'assume pleinement. Je travaille beaucoup avec les territoires ultramarins dont les acteurs sont très bien placés d'un point de vue international.

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