Intervention de Françoise Dumas

Séance en hémicycle du jeudi 30 novembre 2017 à 9h30
Reconnaissance de l'engagement associatif — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes réunis ce matin pour examiner la proposition de résolution relative à l'engagement associatif et à sa reconnaissance, déposée par nos collègues du groupe MODEM. Je salue cette initiative, que je soutiens, et en remercie les auteurs, car elle me donne l'occasion de m'exprimer sur le sujet, qui me tient particulièrement à coeur, de l'engagement citoyen.

Nous sommes réunis ce matin avant tout pour saluer l'engagement dans la vie associative. Il est fondamental dans notre pays, qui a la chance de compter plus de 1,3 million d'associations, 16 millions de bénévoles, mais aussi 2 millions de salariés. Dans ma ville, Nîmes, plus de 2 000 associations s'avèrent, au quotidien, indispensables au maintien du lien social, à l'animation de la vie locale, mais elles sont aussi un vecteur économique considérable, grâce à l'ensemble des missions de service public qui leur sont confiées par les collectivités territoriales et l'État.

L'engagement associatif a été déclaré, pendant la précédente législature, Grande Cause nationale en 2014, année charnière pour la reconnaissance des associations. Sous ce label, de nombreuses chartes d'engagements réciproques ont été signées avec les collectivités territoriales, et la loi relative à l'économie sociale et solidaire a été adoptée. Cette même année, plusieurs rapports parlementaires se sont penchés sur la question, et j'avais moi-même eu l'honneur d'être rapporteure d'une commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise.

Des propositions concrètes étaient nécessaires pour que le milieu associatif mette l'engagement à la portée de tous et replace l'individu en situation de jugement, d'initiative et d'action. Pendant près de six mois, nous avions reçu des dizaines de personnalités représentatives du monde associatif – dirigeants, experts, chercheurs, élus. Nous avions formulé cinquante-cinq recommandations pour une meilleure reconnaissance de l'engagement associatif, parmi lesquelles l'assouplissement de la pré-majorité associative ; les congés d'engagement pour les actifs et les dirigeants bénévoles ; la validation des acquis de l'expérience associative ; le compte d'engagement citoyen. Il nous faut, monsieur le ministre, poursuivre ce travail, car la vitalité des associations est telle que l'on a souvent tendance à croire que leur fonctionnement, par nature détaché des logiques économiques du secteur lucratif, leur capacité d'adaptation, leur souplesse de gestion et leurs convictions désintéressées les préservent des soubresauts de la crise. Ce n'est pas le cas, et nous devons plus que jamais veiller à ne pas les déstabiliser.

Déjà, nous étions convaincus que l'engagement des jeunes, leur investissement précoce en tant que bénévoles, membres ou dirigeants, étaient le meilleur moyen de les inscrire dans une citoyenneté affirmée et inclusive, d'assurer l'avenir de la vitalité associative, mais aussi d'incarner l'intelligence collective. Il faut continuer d'inciter les jeunes à s'engager dans des associations dès l'école primaire et tout au long de leur parcours scolaire et universitaire, poursuivre la montée en charge du service civique, renforcer la visibilité du monde associatif dans les établissements d'enseignement, et intégrer un module de sensibilisation à la vie associative dans la formation des fonctionnaires.

Un certain nombre de ces propositions ont trouvé à s'appliquer, d'autres doivent encore être mises en oeuvre. Il est plus que jamais de notre devoir de poursuivre ce travail. Nous le savons tous, les associations sont une expression concrète et dynamique de notre pacte républicain. Elles sont, en première ligne, les vigies de l'évolution des besoins de nos concitoyens. Nous devons veiller à ne pas les déstabiliser par des financements précaires. Il convient de mieux les reconnaître par toutes formes de contractualisation et, corrélativement, d'évaluation. Nous devons aussi sécuriser leurs budgets de fonctionnement, poursuivre la réflexion sur les contrats pluriannuels d'objectifs avec les collectivités territoriales et l'État, mais aussi sur le mécénat d'entreprise.

Je me réjouis des récentes annonces du Président la République sur la politique de la ville et sur la mobilisation nationale, indispensable pour rendre aux habitants leur fierté et rendre possible la mobilité sociale et géographique, en un mot la réinsertion et, au-delà, l'adhésion à notre pacte républicain. Cela passera aussi par les associations.

Je pense également, voire surtout, en tant que vice-présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées, aux réflexions en cours concernant le service national universel. Aujourd'hui, la garde nationale est l'une des preuves les plus concrètes que l'engagement citoyen est une valeur solide dans notre société. Créée il y a tout juste an, en réponse aux attentats de novembre 2015 et de juillet 2016, elle comptait déjà, début 2017, 65 700 volontaires. Elle est aujourd'hui forte de 70 000 réservistes dont la moyenne d'âge, autour de vingt-cinq ans, prouve que l'individualisme dont notre jeunesse est souvent accusée n'est pas de mise. Si le besoin d'engagement est réel dans notre société, il est également vecteur d'insertion sociale et professionnelle.

Il est donc de notre responsabilité de parlementaires de répondre à ce désir d'engagement exprimé par nos concitoyens avec des moyens à la hauteur de leurs attentes. Nous ne pouvons plus les décevoir, car c'est sur cette base que notre société pourra reconstruire sa cohésion et, in fine, son avenir.

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