Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 13 juillet 2017 à 11h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, député, président de l'Office :

– Après avoir entendu chacun, je vous propose de prendre la parole pour quelques mots de conclusion. Vous avez été nombreux à émettre le souhait d'un rayonnement plus important de l'Office. Je considère que cet objectif est fondamental. Nous allons nous attacher à progresser dès à présent dans cette direction, en tirant parti du renouvellement important survenu à l'occasion de cette nouvelle législature, avec de nouveaux membres aux profils très diversifiés, dotés d'un enthousiasme certain.

Je souhaite développer dans plusieurs directions notre rayonnement, notre influence et notre visibilité, d'abord auprès de nos collègues parlementaires, y compris par l'acculturation scientifique. Les uns et les autres, nous serons conduits à débattre et à légiférer sur un certain nombre de sujets dans lesquels les sciences jouent un rôle significatif. Pour ne prendre qu'un exemple, parmi les lois prochainement examinées, l'une d'entre elles s'intéressera à ce qui restera de l'état d'urgence après la fin de celui-ci. Évidemment, sur les questions de protection contre le terrorisme et d'ordre public, des progrès considérables ont été réalisés au cours des dernières années, en particulier dans l'analyse de volumes considérables de données. Comme pour toute technologie, ces possibilités nouvelles induisent de nouveaux risques, voire de dérives. Il est important que nos collègues impliqués bénéficient d'une information aussi à jour que possible sur ce sujet.

Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Prochainement, d'autres projets touchant à la bioéthique, ainsi qu'à d'autres thèmes, pour certains plus inattendus, nécessitant d'être à jour sur l'état des connaissances scientifiques, vont aussi être discutés.

Cette part des missions de l'OPECST est bien prise en compte dans le cadre des rapports. Mais si ces derniers n'atteignent pas nos collègues, nous ne remplirons pas intégralement nos missions. Aussi, devons-nous probablement trouver d'autres façons d'informer et de sensibiliser nos collègues sur ces questions.

Je pense qu'il faut aussi que nous allions davantage en direction du grand public. C'est déjà le cas, au travers de certaines conférences de presse, présentations, et auditions publiques. Mais nous pourrions le faire de façon bien plus efficace, avec une véritable politique de communication, en insistant sur le fait que les sciences font partie intégrante du débat public et du débat politique. De la même façon qu'on ne peut dissocier la culture scientifique de la culture en général, débat scientifique et débat public ne sont pas indépendants. Les sciences ont vocation à s'inviter dans le débat public. Je rejoins aussi l'intervention de notre collègue député Loïc Prud'homme, sur la nécessité de mettre en scène les points de vue des différents acteurs, pour autant que cela contribue à éclairer les débats.

Je pense que nous avons également un rôle à jouer en matière d'ouverture et de visibilité à l'étranger. Pour avoir été membre du conseil scientifique de la Commission européenne, je peux témoigner de ce que, du point de vue de celle-ci, les mécanismes français de concertation entre science et société ainsi que de conseil scientifique aux instances gouvernementales, sont parmi les moins connus et les moins visibles, parmi les grands pays européens. Des progrès restent donc certainement à réaliser, pour renforcer nos liens avec nos homologues, tant au Parlement européen, au travers du STOA (Science and Technology Options Assessment), qu'à la Commission européenne ou dans d'autres organes. Nous avons tout à gagner à ce partage.

Il faut aussi parvenir à un gain en visibilité à l'égard des instances gouvernementales, de l'exécutif. L'une des fonctions du Parlement étant de contrôler ce dernier et le contrôle s'accompagnant souvent du conseil, il serait naturel que nous soyons prêts à réagir dans le cas où le Gouvernement aurait une question à nous poser. Au cours des dernières années, cette possibilité n'a été que très rarement mise à profit, sur des sujets pour lesquels une réaction rapide s'avérait nécessaire. Il conviendrait certainement d'agir, afin d'être plus présents sur de tels sujets, quitte à adjoindre aux auditions publiques et aux rapports, qui ont fait le succès de l'Office, de nouvelles modalités d'intervention, comme la rédaction d'avis courts ou de notes explicatives, pour répondre à des questions, des débuts de controverses, de polémiques, etc. Nous avions notamment travaillé sur ce problème au sein du conseil scientifique de la Commission européenne.

Enfin, je pense qu'une démarche d'ouverture et d'articulation reste également à engager, en premier lieu vis-à-vis des commissions permanentes. Certains des sujets, aujourd'hui très bien traités par l'Office comme l'organisation de la recherche ou le fonctionnement de l'Agence nationale de la recherche (ANR), auront encore plus d'impact auprès de nos collègues si nous parvenons à travailler plus étroitement avec les commissions compétentes concernées et leur président ou présidente, en réalisant systématiquement cette articulation. Certains d'entre nous, membres des commissions de la Défense, des Affaires économiques, ou encore des Affaires européennes, pourront également servir de relais, afin de concrétiser cette dernière.

Pour résumer ces orientations, j'estime qu'une montée en gamme, en termes de production et de visibilité, sera extrêmement importante pour accroître notre influence. Si, comme vous l'avez très bien dit les uns et les autres, nous produisons d'excellents rapports mais que ceux-ci ne sont pas lus par les bonnes personnes, ou ne sont pas assez lus, nous ratons l'objectif, ou du moins nous ne l'atteignons pas à la hauteur de nos ambitions. Je serai très actif, très attentif sur cette question.

Pour ce qui concerne le court terme et la suite du mois de juillet, je vous propose de procéder comme suit. D'abord, je vais rencontrer systématiquement tous les personnels du secrétariat de l'Office, ainsi que tous ceux, parmi vous, qui souhaiteraient discuter en tête-à-tête des orientations envisageables. Ensuite, je vous propose d'organiser, mercredi prochain dans l'après- midi, une première réunion du nouveau Bureau, en fonction des disponibilités de ses membres. À la suite de celle-ci, comme les députés venant de rejoindre l'OPECST se posent nécessairement plus de questions, je leur propose de se joindre, avec les autres parlementaires qui le souhaiteront, aux membres du Bureau, pour un dîner informel et convivial le même jour, au cours duquel nous pourrions évoquer nos orientations à venir. Ce dîner se tiendra sous réserve de confirmation de sa faisabilité par le secrétariat de l'Office.

Par ailleurs, je vous suggère également d'entamer, dès que possible, le programme de travail de l'Office, par une audition du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Depuis 2016, une audition annuelle de cet organisme permet d'examiner des questions touchant à l'organisation de la recherche sur les bâtiments, dans le cadre de la transition énergétique et de la lutte contre changement climatique, qui nous préoccupent tous. Étant donné que les bâtiments représentent un sujet de recherche à la fois important et, par rapport à d'autres enjeux scientifiques, peut-être a priori moins attrayant, nous pourrions coupler cette audition avec une intervention de scientifiques, sur un ou plusieurs thèmes à définir, qui serait l'occasion d'un premier événement ayant une certaine visibilité.

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