Intervention de Pierre Savatier

Réunion du mercredi 4 septembre 2019 à 9h35
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Pierre Savatier, directeur de recherche médicale à l'INSERM :

L'utilisation de la technologie CRISPR-Cas9 à des fins de recherche consiste à l'appliquer sur l'embryon humain in vitro et à conserver cet embryon en culture pendant deux, trois, quatre, sept, quatorze jours, éventuellement au-delà. Cette utilisation de la technologie CRISPR-Cas9 a une visée de recherche strictement fondamentale, pour la compréhension des mécanismes génétiques du développement embryonnaire. C'est quelque chose qui est actuellement interdit en France, mais autorisé dans certains pays. Si nous voulons vraiment comprendre comment l'embryon humain se développe, nous avons besoin de muter les gènes et d'étudier ensuite la perturbation induite par cette mutation. L'outil CRISPR-Cas9 est quasiment la seule façon de le faire. Bien sûr, cette application de la technologie CRISPR-Cas9 en recherche fondamentale exclut tout transfert de ces embryons dans l'utérus d'une femme.

Le moratoire demandé en mars 2019 porte sur le transfert embryonnaire. Malheureusement, la ligne rouge a été franchie au mois de décembre dernier, en Chine. Je crois que personne parmi nous, parmi les scientifiques, mis à part quelques transhumanistes illuminés, ne va soutenir la nécessité ou l'utilité de transférer ces embryons, en tout cas dans l'état actuel de la technologie. Il y a une séparation très claire entre ces deux approches expérimentales.

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