Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 13 décembre 2017 à 15h00
Orientation et réussite des étudiants — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je suis consterné qu'on en arrive là ! C'est vraiment ne rien comprendre, ni au monde dans lequel nous vivons ni à la place de la francophonie. On s'en tient à du mesquin, du misérable, de l'excluant.

Il serait toutefois bon de comprendre comment on en est arrivé là et je vous demande, mes chers collègues, d'y réfléchir. Cette provocation grossière est évidemment destinée à nous mettre tous mal à l'aise et à nous pousser au lyrisme davantage qu'au réalisme. Ma thèse est que tout cela est la conséquence du fait que l'on veut fixer des critères pour accéder à l'université, plutôt que de l'ouvrir. Selon moi, il faudrait qu'il y ait un nombre de places correspondant au nombre de candidats, de sorte que l'on ne crée pas de la rareté, donc du marché.

Je précise que cela vaudrait aussi pour ceux qui demanderaient depuis l'étranger à venir étudier chez nous. Nous avons impérativement besoin que l'excellence française se diffuse dans le monde entier. Par exemple, il n'existe pas de revue de référence en matière scientifique ou de recherche en langue française ; tout transite par des revues anglophones. Nous aurions besoin d'une grande revue scientifique que nous soutiendrions et que les francophones pourraient consulter.

Dès lors qu'on crée de la rareté et de la sélection – ce qu'on est en train de faire – , cela ouvre la porte à n'importe quoi. N'importe quel critère peut être présenté, même un critère aussi absurde que celui qui vient d'être proposé par notre collègue – qui a eu l'habileté de déguiser la chose en priorité, mais tout le monde ici a très bien compris qu'il s'agissait pour lui non pas d'une priorité, mais d'une exclusive.

Madame Lang, vous proposiez tout à l'heure un amendement tendant à assurer la transparence sur le nombre de candidatures et d'inscriptions. C'est pure justice : s'il existe des critères, autant que les gens sachent combien de places il y a avant de demander un enseignement. Votre amendement s'inscrit parfaitement dans la logique du système. Eh bien, là, c'est pareil. Vous verrez : en matière d'enseignement et de filière, l'aval commande l'amont. En définitive, ce sont le nombre de postes disponibles dans telle ou telle branche professionnelle et le nombre de personnes embauchées qui détermineront l'accessibilité de la filière.

Tout cela peut paraître plein de bon sens, mais c'est en réalité absurde au regard d'études qui durent jusqu'à sept ans, car les qualifications professionnelles évoluent. Plus l'étendue des savoirs généraux et transversaux est grande, plus les étudiants peuvent s'adapter à des offres professionnelles variées.

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