Intervention de Julien Denormandie

Séance en hémicycle du vendredi 16 avril 2021 à 21h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 62

Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

…vous le faites parce que, qu'il soit minéral ou organique, à la fin des fins, il faut que la plante ait de quoi se nourrir. Je vous demande donc d'écarter des débats toute caricature selon laquelle le paysan ferait acte de pollution lorsqu'il répand de l'azote. C'est une aberration totale. C'est simplement pour nourrir la plante – sinon, il n'y a pas de plante, car aucun être vivant ne peut survivre sans avoir de quoi se nourrir.

Par conséquent, soit vous lui donnez de l'azote minéral, soit vous lui donnez de l'azote organique – et je ne suis pas sûr, monsieur Prud'homme, qu'il soit beaucoup plus simple de ne donner que de l'azote organique, ne serait-ce que parce que parfois, l'agriculteur rencontre des difficultés lors de l'épandage d'azote organique, ce que vous êtes bien placé pour savoir – mais, in fine, qu'elle vienne du NH3 ou du N2O, c'est la même molécule. La plante a besoin de nutriments pour se développer. C'est exactement la même chose pour l'eau : il faut avoir le courage de dire qu'une plante a besoin d'eau pour se développer. Une fois qu'on a dit cela, la question est de savoir comment faire. J'ai été, moi, formé à l'agriculture raisonnée ; le terme a disparu du débat, mais la question demeure de savoir comment donner à la plante ce dont elle a besoin.

Deuxièmement, comme tous les pays européens, la France s'est depuis longtemps engagée à réduire ses émissions d'ammoniac – NH3 – et de protoxyde d'azote – N2O –, et je suis tout à fait d'accord avec M. Naegelen pour dire qu'il faut absolument que le débat ait lieu au niveau européen. Mais les engagements dont nous parlons dans l'article, de -13 % pour l'un et de -15 % pour l'autre, ont justement été pris au niveau européen. Les conventionnels – les membres de la Convention citoyenne pour le climat – demandent la création d'une taxe car ils considèrent que la France n'atteindra pas ces objectifs, sur lesquels elle s'est pourtant engagée avec les autres pays européens.

Que propose l'article 62 ? De dire, avec méthode, que nous faisons confiance au monde agricole pour tenir les engagements que nous nous sommes fixés, mais que, dans le cas où la courbe de ces engagements ne serait pas suivie et où le débat européen n'aurait pas permis d'avancer, alors le Parlement envisagerait la création d'une redevance. C'est de cela dont nous parlons. Il n'y a pas d'instauration de taxe. Il y a une méthode, celle du respect des engagements que nous avons pris il y a longtemps, avant même ce gouvernement, pour la réduction des émissions de N2O et de NH3, avec la reconnaissance absolue du fait qu'une plante a besoin de se nourrir – s'il vous plaît, aucune caricature, on ne met pas de l'azote pour se faire plaisir –…

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