Intervention de Cédric Villani

Séance en hémicycle du mercredi 2 juin 2021 à 21h00
Prévention d'actes de terrorisme et renseignement — Article 19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani :

Cet article clef porte sur l'accès aux archives que toute nation doit autoriser à l'issue d'un temps raisonnable. En France, cette mesure découle de l'article 15 de la Constitution et de l'obligation pour l'État de rendre des comptes. Cet accès est indispensable aux historiens et aux diplomates, mais aussi pour effectuer le travail de mémoire collective auquel le chef de l'État a participé de façon remarquable au cours des dernières années – je pense aux déclarations sur l'Algérie, le Rwanda et le Burkina Faso.

Il faut évidemment concilier cet accès avec la sûreté de l'État. En 2008, quels que soient les bancs que nous occupons, nous avons voté en faveur d'un texte qui définit bien ce qui doit être communiqué et dans quel délai. Cette loi et la parole présidentielle ont pourtant été remises en cause en pratique par des règlements, par des instructions interministérielles, par des bâtons administratifs mis dans les roues de celles et ceux qui avaient besoin des archives pour faire le travail de mémoire, de diplomatie, et de réparation évoqué par notre collègue Maina Sage.

Il est important de canaliser et de bien préciser la loi pour éviter qu'elle soit dévoyée. Les amendements que j'ai déposés avec d'autres collègues sur l'article 19 ont été travaillés, retravaillés et discutés longuement avec des associations inquiètes et actives sur le sujet depuis bien des années : l'Observatoire des armements ; l'Association des archivistes français ; l'Association des historiens contemporanéistes de l'enseignement supérieur et de la recherche (AHCESR) ; l'Association Josette et Maurice Audin qui a participé au travail de mémoire sur l'Algérie mené au cours du quinquennat.

Les débats vont devenir techniques, comme vous le savez, monsieur le rapporteur, puisque nous avons eu l'occasion d'en discuter. Mais nous savons à quel point le diable peut se cacher dans les détails. Quand nous débattrons des amendements, nous devrons avoir à l'esprit que le choix de tel ou tel mot peut se traduire par des thèses qui ne se font pas, des documents qui sont bloqués pendant des décennies par une administration, des contentieux, un travail de mémoire qui ne s'accomplit pas. Il faut évidemment légiférer sans porter le moins du monde atteinte à la sûreté des intérêts de l'État. C'est l'esprit dans lequel s'inscrivent tous les amendements que je vous présenterai.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.