Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 18 décembre 2017 à 16h00
Accord de partenariat entre l'union européenne et le kazakhstan — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Mes chers collègues, j'ai plaidé pour convaincre, pas pour accabler. J'imagine que nombre d'entre vous ne suivront pas ma conclusion ; pour autant, je ne cesserai pas un instant de croire qu'ils partagent mon point de vue quant au fond et à l'attachement à la liberté et aux droits de l'homme.

En retour, je demande que l'on ne m'attribue pas une position qui n'est pas la mienne. Je n'ai pas dit que, dès lors que nous affrontons un tyran, cela signifie que, partout où le régime ne nous convient pas, il ne faut plus discuter ; je pense le contraire. Mais il y a tyran et tyran – oui, il y a des différences, il y a des pays où les choses se passent différemment ! En l'occurrence, nous avons affaire à quelqu'un qui ne laisse pas un mètre d'espace et de respiration à ses opposants, et il n'y a personne pour les défendre. Personne !

Pour ma part, je me suis opposé au régime de M. Poutine, qui avait mis mon camarade Sergueï Oudaltsov en prison. Quand il en est sorti, il a remercié ceux qui avaient parlé de lui, lui ouvrant ainsi un peu d'espace et permettant qu'il ne soit pas oublié au fond de sa cellule. Concernant le Kazakhstan, je ne saurais même pas vous dire le nom d'un opposant avec lequel je pourrais m'entendre, parce qu'on n'entend même plus les voix sortir des cachots ! Voilà où nous en sommes.

Nous avons évoqué tout à l'heure le procès en Turquie. Mes camarades Jean-Christophe Sellin et Corinne Morel Darleux, qui se trouvaient à ce procès, n'ont été saisis d'aucune demande du type de celle qu'a entendue mon camarade Lecoq. Quand ils demandent : « Ne nous laissez pas tomber ! », cela signifie : « Ne laissez pas la dalle retomber sur nous ! »

Pour le reste, oui, il y a des gens à l'encontre desquels il faut prendre des sanctions. Vous le savez bien puisque vous avez approuvé les sanctions contre un régime dont les élections ne sont discutées par aucun organisme international – je parle du Venezuela.

Quant au Kazakhstan, pas une élection ne peut y être considérée comme libre depuis la fin de l'Union soviétique ; c'est l'OSCE – l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe – qui le dit, et sachez que cette organisation ne comprend pas que des régimes à la française ! Voilà la situation !

Par conséquent, il n'est pas vrai que vous pousserez au dialogue. Je sais que c'est ce que vous voulez faire ; je vous en donne acte, je suis prêt à le reconnaître. Mais vous vous trompez : vous lui donnerez le moyen de dire « Il n'y a pas de problème ; la preuve, nous avons signé avec les Européens ! Vous avez vu ! »

En effet, et ce sera mon dernier mot, il ne s'agit pas ici d'une convention bilatérale habituelle, négociée par la France avec le Kazakhstan, en conséquence de laquelle nous serions tenus, puisque nous aurions discuté et conclu. Nous parlons d'un protocole européen, qui n'a pas été négocié par nous et qui se traduira par une coopération approfondie. C'est pourquoi, mes chers collègues, il serait bon que notre groupe ne soit pas seul à voter contre, ce qui donnerait l'impression que vous êtes tous pour. Il faut que la bigarrure de ce que vous ressentez se voie dans les votes.

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