Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 12 octobre 2021 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2022 — Après l'article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Cet amendement vise à tripler le taux de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus – supérieurs à 250 000 euros –, qui est de 3 à 4 % actuellement.

J'en profite pour démonter la fiction qu'on nous présente depuis le début de l'examen du PLF, selon laquelle le président Macron et sa majorité seraient le président et la majorité des pauvres. Elle s'appuie sur un graphique, largement distribué, affirmant que les mesures du Gouvernement auraient eu pour effet d'augmenter de 4 % le niveau de vie du décile le plus pauvre, contre seulement 2 % pour le décile le plus riche.

Je vais rapidement prouver que c'est faux. Premièrement, ce graphique est suivi d'un autre, intéressant : il ne présente pas le pourcentage de hausse par rapport aux revenus mais le revenu net. Or il fait apparaître une montée himalayesque parmi les 5 % les plus riches, qui ne laisse aucun doute.

Deuxièmement, vous mélangez des mesures ponctuelles pour les plus pauvres – aides et primes exceptionnelles – et des baisses d'impôts pérennes pour les plus riches.

Troisièmement, vous ne tenez pas compte de mesures telles que la suppression de la taxe d'habitation pour les 20 % des ménages les plus riches, la prolongation de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) ou la baisse, en 2022, de l'impôt sur les sociétés (IS), qui profite souvent aux revenus du capital. Tout cela explique peut-être pourquoi la direction générale du trésor n'a pas souhaité montrer les simulations concernant les niveaux de vie en 2022 aux journalistes qui le demandaient.

Mais le plus important est ailleurs : contrairement à ce que j'entends depuis le début, il n'est pas question de pouvoir d'achat, puisque vous ne tenez pas compte de l'augmentation des prix de l'énergie ou du coût du logement, autant d'éléments qui ont un impact sur les plus défavorisés de nos concitoyens.

Le journal Libération a fait une simulation : on s'aperçoit que 22 % des 24 milliards de mesures gouvernementales ont profité aux 10 % les plus riches. Dès lors, ce n'est pas très étonnant que les 500 plus grandes fortunes de France aient vu leur patrimoine progresser de plus de 100 % depuis 2017 – il a même bondi de 30 % au cours de la seule année 2020. C'est dire si, face à la crise, elles peuvent contribuer plus fortement, d'où notre amendement.

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