Intervention de Marlène Schiappa

Séance en hémicycle du mercredi 27 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Mission sécurités (état b)

Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté :

…parce qu'on dit des choses comme « la police tue » et parce que ce sont des professions difficiles, en contact avec les situations les plus problématiques. Les policiers et les gendarmes sont critiqués et sont parfois filmés contre leur gré durant leurs actions. Ce sont deux professions parmi les plus contrôlées dans l'exercice de leurs activités et pourtant, ce sont souvent sur elles que l'on jette l'opprobre.

Concrètement, le nombre de suicides et de tentatives de suicide serait en légère baisse. Certains disent que c'est grâce à l'accompagnement psychologique. En ce qui me concerne, je ne veux pas tirer de conclusions trop hâtives, parce qu'on sait que les causes en sont multiples. Mais sur la période 2010-2019, le taux de suicide – si on peut résumer ces actes en taux, ce qui est toujours un peu difficile – était de 25 pour 100 000 ; en 2020, il y a eu douze suicides. La gendarmerie a ainsi enregistré le chiffre – navrée de parler de chiffre pour un sujet aussi délicat – le plus bas depuis l'existence de la base de suivi, puisqu'une base existe pour constater effectivement l'évolution de ce phénomène.

Au-delà du caractère suspensif de la crise sanitaire, un dispositif abouti de prévention et d'accompagnement psychologique a été créé par la gendarmerie nationale : c'est le DAPSY, composé de 43 psychologues cliniciens, dont 41 conseillers techniques régionaux présents sur le territoire métropolitain et outre-mer. C'est une preuve de l'engagement du Gouvernement. Le dispositif comptera bientôt 55 psychologues. Au 12 octobre 2021, le nombre de suicides au sein de la police nationale était de 27 – ce sont évidemment 27 suicides de trop et je pense aux familles et aux proches des personnes concernées –, contre 30 l'année précédente à la même période.

En avril 2021, avec Gérald Darmanin, nous avons lancé un plan de prévention dans la gendarmerie, suite à ce qui avait été engagé par Christophe Castaner lorsqu'il était ministre de l'intérieur. Le plan comprend quatre axes, dont un spécifiquement dédié à la prévention du risque de suicide. Il s'appuie sur des supports de communication et des guides qui permettent de sensibiliser les personnels aux facteurs de risque de suicide pour une meilleure prise en compte des signaux faibles, de renforcer l'information de la chaîne de commandement et de sensibiliser les élèves.

Un schéma directeur de renforcement du DAPSY, avec le dispositif « écoute défense », ainsi que d'autres mesures, sont en cours d'élaboration : un guide méthodologique pour l'étude de l'environnement professionnel après un suicide, pour identifier la présence en amont de facteurs de risques professionnels pour les autres personnels ; une formation à la détection des cas vulnérables, avec le programme dit Sentinelles ; le recours aux compétences des négociateurs régionaux dans la transmission d'informations sur la crise suicidaire auprès des unités ; le renforcement de la prise en charge des personnels qui ont fait une tentative de suicide par le passé.

En 2021, la police nationale s'est vue allouer un budget de 1 million au titre de la prévention du suicide ; il est reconduit en 2022. Il a permis de financer les actions du programme de mobilisation contre le suicide et d'améliorer les conditions de travail par le biais d'actions dites de convivialité, d'échanges et d'actions de communication sur la prévention du suicide.

Pour avoir travaillé sur ce sujet et être aux côtés des personnels en difficulté, je souhaiterais dire qu'au-delà des dispositifs que nous finançons, il s'agit d'un tabou. C'est bien un changement culturel qui est nécessaire pour reconnaître qu'on a le droit d'aller mal, qu'on peut recourir aux dispositifs existants et en parler à quelqu'un. On n'en est pas moins un policier ou un gendarme, un être humain fort, fiable et courageux, mais qui temporairement a besoin d'accompagnement. C'est aussi ce combat culturel que nous devons mener.

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