Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mardi 16 janvier 2018 à 21h30
Questions sur la politique environnementale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

L'usine Whirlpool va fermer au printemps prochain, et ses sèche-linge seront désormais produits à Lodz, en Pologne. Pourtant, 84 % de ces sèche-linge sont vendus en Europe de l'Ouest, notamment en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Un flux de camions va donc traverser l'Europe pour approvisionner nos Darty ou nos Kaufland.

Il y a quelques années, alors que je me trouvais en reportage à Megève, près du tunnel du Mont-Blanc, j'ai discuté avec des camionneurs qui m'ont appris que les cochons qu'ils transportaient provenaient des Pays-Bas, allaient être découpés à Parme, puis allaient remonter vers les Pays-Bas, l'Allemagne et la France sous forme de tranches de jambon étiquetées « jambon de Parme ».

On connaît aussi l'exemple des crevettes pêchées en mer du Nord, qui traversent toute l'Europe en camion, du Nord au Sud, puis prennent le ferry entre Algésiras et le Maroc, où elles sont décortiquées par 1 200 femmes qui n'ont ni repos ni pause repas. Elles font ainsi un aller-retour d'environ 6 756 kilomètres.

En Europe, les transports représentent 30 % des émissions de gaz à effet de serre. Qui plus est, ces émissions de dioxyde de carbone sont en hausse de 20 % depuis 1990. J'ai déjà interrogé la Commission européenne à ce sujet : « Que comptez-vous faire pour réduire le transport de marchandises ? » Pour toute réponse, je n'ai obtenu qu'un silence long et embarrassé.

Aussi, je vous adresse la même question, monsieur le secrétaire d'État : quels projets avez-vous dans vos cartons pour réduire les transports de marchandises inutiles ? Envisagez-vous des taxes aux frontières, des barrières douanières, des quotas d'importation ? Ou alors une taxe kilométrique, avec un surcoût indexé sur la distance parcourue ? Cette mesure aurait des vertus à la fois écologiques et sociales, car elle constituerait une forte incitation financière à la relocalisation. À défaut, la devise de l'Union risque de devenir : « Camions, béton, pollution ».

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