Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 9h00
Blocage des prix — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon, rapporteur suppléant :

Moi, j'en suis fier, je respecte les gens, je respecte les électeurs.

Venons-en aux arguments qui nous sont opposés sur le fond. D'abord, il semble que plusieurs d'entre vous n'ont pas totalement perçu le fait que les auteurs de ce texte ne proposent pas une disposition de contrôle des prix permanent. C'est vous qui l'avez fait pendant plus de trente ou quarante ans. Je me permets de vous rappeler que les prix ont, en effet, été contrôlés jusqu'en 1986, et que c'est après cette date que cette mesure a été abrogée. Aviez-vous alors constaté des pénuries, aviez-vous entendu dire qu'aussitôt après les prix avaient explosé ? Bien sûr que non, parce que la situation d'un pays qui importe tout ce qu'il consomme est totalement différente. Je veux bien croire que, si nous établissions un contrôle des prix permanent en France, nous aurions un problème puisque nous importons 80 % de ce que nous mangeons, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit d'une mesure provisoire et exceptionnelle, qui prend acte d'une situation, celle d'état d'urgence sociale.

Plusieurs d'entre vous, dont M. Kasbarian, M. Viry et Mme Crouzet, ont répliqué que je n'avais pas décrit ce qu'était l'état d'urgence. Mais ce n'est pas nécessaire puisque cela a déjà été fait pour l'état d'urgence contre le terrorisme et l'état d'urgence sanitaire. L'état d'urgence dont nous parlons correspond aux mêmes caractéristiques que celles qui s'appliquent dans ce type de situation, sauf qu'il s'applique à la situation sociale. Cet argument-là ne tient donc pas contre notre proposition de loi.

Vous nous opposez des grandes mesures structurelles. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans le détail de ce que vous appelez les grandes mesures. À supposer qu'elles puissent fonctionner, ce qui n'est pas le cas, elles sont dans le temps long, alors que je vous parle du temps court. C'est aujourd'hui que les gens font leur plein d'essence, c'est aujourd'hui qu'ils doivent acheter des pâtes sur lesquelles la marge bénéficiaire est de 40 %. Personne, dans cet hémicycle, ne trouve qu'une telle marge bénéficiaire soit normale alors que les gens sont pris à la gorge pour parvenir à nourrir leur famille. Dans ces conditions, la question de la pénurie ne se pose, comme je l'ai dit tout à l'heure, que s'il y a un manque de production. En revanche, lorsque vous fixez un prix, vous donnez de la visibilité et il devient un prix maximum pour tout le monde, ce qui interdit l'agiotage qui consiste à vendre des baguettes à 29 centimes pendant que les boulangers doivent continuer à la vendre plus de 1 euro.

Madame la ministre déléguée, vous avez fait référence à la Grande Révolution et vous avez dit que le maximum a été un échec total. Cela m'a fait tout drôle de voir un ministre de la République reprendre les arguments des royalistes de l'époque.

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