Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2018 à 9h30
Reconnaissance comme maladies professionnelles des pathologies psychiques résultant de l'épuisement professionnel — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Aujourd'hui, la reconnaissance de l'épuisement professionnel est possible, mais c'est une démarche individuelle lourde, que peu de salariés en situation de vulnérabilité psychologique sont prêts à mener. Cette procédure n'est permise que devant les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles, et à condition d'atteindre un seuil d'invalidité de 25 %, ce qui est clairement inadapté à la situation. Après cela, le parcours juridique et administratif se poursuit et décourage de nombreuses victimes. L'arrêt maladie pour dépression ou anxiété devient alors l'ultime recours, et le lien avec l'activité professionnelle n'est pas reconnu.

Le résultat, quel est-il ? Alors qu'en Belgique, où il existe un tableau de reconnaissance, on comptait effectivement 83 155 cas pour la seule année 2014, en France, où la reconnaissance dépend d'un mécanisme complexe, véritable parcours du combattant, seuls 600 cas sont relevés chaque année. C'est ridicule et sans commune mesure, vous l'imaginez, avec ce que peuvent mesurer la communauté scientifique et les médecins. Par conséquent, c'est l'assurance maladie qui supporte le coût induit par ces maladies qui ne sont pas reconnues comme étant d'origine professionnelle : c'est donc la collectivité qui paye, à la place des vrais responsables que sont les entreprises. Cela devrait vous ulcérer, vous autres, les tenants de la rigueur budgétaire !

Peu susceptibles d'être inquiétées, les entreprises ne sont pas incitées à prévenir l'apparition de l'épuisement professionnel, et les pratiques managériales génératrices de troubles psychiques continuent en toute impunité. Ce n'est pas tolérable. Il est temps de responsabiliser celles et ceux qui méprisent les conditions de travail de tous les autres, de tous ceux sans qui l'entreprise ne serait rien.

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