Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du jeudi 8 mars 2018 à 9h30
Lutte contre la précarité professionnelle des femmes — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Le groupe La France insoumise soutient cette proposition de loi du groupe de la Gauche démocratique et républicaine visant à encadrer le temps partiel imposé qui demeure, comme l'indique l'exposé des motifs, « une cause importante de persistance des inégalités salariales entre les femmes et les hommes, et une source de précarité professionnelle pour les femmes salariées ».

Ces inégalités salariales ne sont justifiées ni par une différence de compétences, ni par une différence de diplômes. Elles ne trouvent leur raison d'être que dans l'existence du système de domination et d'oppression des femmes par les hommes, système politique, économique, social et culturel que l'on nomme le patriarcat.

Dans le monde du travail, la précarité des femmes se traduit à plusieurs niveaux : en matière de contrat de travail, de niveau de salaire, mais aussi de conditions de travail – dans les rapports implicites et explicites de domination fondés sur un habitus de travail masculin que les femmes viendraient perturber. Ces dernières doivent ainsi répondre à nombre de prescriptions et d'injonctions – sur leur manière de s'habiller, de se coiffer, de se tenir, de parler… Le tout, pense-t-on et dit-on même parfois ouvertement, de manière à ne pas « perturber » leurs collègues masculins. Leur parole est systématiquement disqualifiée par des mécanismes qui consistent à présupposer leur incompétence, à remettre en cause toutes les propositions qu'elles oseraient faire, voire à passer carrément outre.

Enfin, elles sont, nous sommes, souvent assignées à certains types de métiers qui seraient par nature adaptés à nos supposées dispositions féminines et qui sont surtout par culture, c'est-à-dire par construction sociale, plus dévalorisés et dévalués, nonobstant leur valeur sociale et même économique indéniable. Et quand les emplois sont occupés majoritairement par des femmes, il règne souvent un sentiment d'impunité qui conduit les employeurs à exploiter et flexibiliser encore davantage les salariés, d'autant plus s'il s'agit de femmes qui souffrent déjà de facteurs de précarité aggravants – âge, origine sociale, niveau d'études, couleur de peau, origine nationale…

Je voudrais illustrer mon propos par deux rapides exemples. Tout d'abord, celui des salariés de l'entreprise Reinier, du groupe Onet, prestataire de la SNCF dont les employés travaillent en contrat à temps partiel pour nettoyer les gares. Après quarante-cinq jours de lutte contre une clause de leur contrat qui permettait de les réaffecter dans une nouvelle gare à la dernière minute, elles et ils ont eu gain de cause.

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