Intervention de Guillaume Gouffier-Cha

Séance en hémicycle du jeudi 8 mars 2018 à 9h30
Lutte contre la précarité professionnelle des femmes — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Gouffier-Cha :

… est une réalité sociale qui touche des millions de femmes salariées dans notre pays. Il concerne aussi des hommes, bien entendu, mais ne perdons pas de vue que 80 % des salariés à temps partiel sont actuellement des femmes. Nous parlons des salariées qui ont un contrat de travail précaire du fait de sa durée limitée et du bas niveau du salaire, mais, surtout, en raison de l'incertitude quant à l'avenir : bien souvent, ce travail ne permet pas de couvrir les coûts fixes de la vie – le logement, la nourriture, les vêtements, les transports – ni de construire son projet de vie de manière libre et indépendante.

Comme vous, mes chers collègues, je rencontre chaque semaine des concitoyens qui vivent cette précarité insupportable tout en travaillant, souvent dur – car il s'agit, qui plus est, d'emplois usants physiquement et psychologiquement, cela a été rappelé, ou qui impliquent de se lever tôt, de traverser une bonne partie de son département, voire de sa région, pour se rendre sur site. Par exemple, en Île-de-France, ma région, ce sont des milliers de travailleuses qui partent le matin de chez elles à quatre ou cinq heures pour se rendre à l'autre bout de Paris, embaucher à six heures et terminer à neuf heures, puis reprendre à dix-sept heures et finir à vingt heures. Vous avez raison, madame Buffet, il y aurait effectivement une réflexion à mener sur les horaires décalés ! Elles font cela pour un salaire horaire brut compris en général entre 10 et 13 euros de l'heure, en fonction de la convention professionnelle et du niveau salarial. C'est une vie d'efforts et de sacrifices, c'est vrai. En outre, nous ne devons pas oublier que ces sacrifices sont bien souvent assumés par des femmes élevant seules leurs enfants.

Aussi, il est impératif que nous nous interrogions sur les mesures à prendre pour mieux protéger ces femmes salariées, pour renforcer leurs droits, pour leur donner les outils leur ouvrant des perspectives d'évolution professionnelle. Cela passe en partie par l'augmentation des droits à la formation professionnelle, qui doivent être davantage orientés vers les salariés peu qualifiés. C'est le chantier que nous allons mener dans les mois qui viennent ; il consiste en réalité à inverser le fonctionnement de la formation professionnelle en France. Cela passe aussi par la reconnaissance des mêmes droits à la formation professionnelle pour les salariés à temps partiel et pour les salariés à temps plein. Là aussi, le Gouvernement a pris, il y a quelques jours, l'engagement d'aller dans ce sens. Cela passe encore par le renforcement du pouvoir d'achat de ces salariés, chantier qui a déjà été engagé, comme vient de le rappeler Catherine Osson. Cela passe enfin par le renforcement de la négociation professionnelle au sein de l'entreprise, ainsi que par une vigilance accrue de l'inspection du travail.

Chers collègues du groupe GDR, si je salue le fait que nous abordions ce sujet aujourd'hui, je ne peux vous cacher cependant mon scepticisme quant aux outils et à la méthode que vous proposez, des outils en grande partie tournés vers l'alourdissement des règles du contrat de travail et une méthode caractérisée par l'absence de dialogue social et de prise en compte des réalités diverses des branches professionnelles. Par ailleurs, nous devons repenser la relation entre CDI et CDD, c'est vrai, notamment en posant la question de la reconnaissance du coût social du CDD par rapport au CDI, mais cela doit se faire en favorisant le dialogue social avec tous les acteurs et dans le cadre de la réforme de l'assurance chômage.

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