Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du vendredi 25 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 10 ter

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Je souris car, depuis de nombreuses années, notre groupe, notamment avec Charles de Courson et Philippe Vigier, est mobilisé sur ce sujet des centrales d'achat. Vous le savez, nous avons des propositions à faire au Gouvernement, dans l'intérêt non seulement du rééquilibrage des relations commerciales, mais aussi de l'amont, c'est-à-dire des producteurs et des industriels. Nos centrales d'achat sont dans une telle situation de dominance !

Comme je l'ai rapporté en commission, un industriel m'a raconté il y a peu la période des négociations commerciales avec les centrales, qui dure quatre mois. Dès début novembre, comme l'a mentionné le ministre, cette entreprise familiale participe à 200 rendez-vous bilatéraux, où un représentant d'un secteur de son activité industrielle rencontre un négociateur représentant les centrales dans les fameux box. La négociation a abouti à 32 accords. On voit bien combien ce monde est difficile.

En commission, j'appelais à une moralisation des relations commerciales. Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les membres de la majorité, vous n'êtes pas responsables de la situation actuelle, mais nous devons agir sans retard, car certaines pratiques de la grande distribution, fédérées dans les groupements d'achat que sont les centrales d'achat, sont immorales.

Je n'ai rien contre celles et ceux qui gagnent de l'argent, bien au contraire – mon grand-père paternel disait : « L'argent ne fait pas le bonheur, mais ça aide » – , mais je vois, dans le même bassin de vie, des représentants de la grande distribution qui demandent en permanence des mètres carrés commerciaux pour s'agrandir et des agriculteurs qui rencontrent de réelles difficultés.

J'ai répondu un jour à un directeur d'une grande surface de ma circonscription, fier d'avoir obtenu un agrandissement, que je n'en étais pas particulièrement heureux car, alors qu'il s'agrandissait, je recevais des familles d'agriculteurs qui se donnent la mort parce qu'ils n'y arrivent plus. Ils fournissent tous les efforts nécessaires, mais cela ne suffit pas face aux annuités d'emprunt à rembourser, aux charges, aux contraintes administratives dont, je l'espère, nous nous saisirons aujourd'hui, dans le titre II, pour simplifier la vie des agriculteurs.

Monsieur le ministre, nous sommes donc vraiment dans le vif du sujet. Il faut que, au terme du débat sur cet article, on enregistre de réelles avancées. C'est de votre responsabilité !

Monsieur le ministre, je vous ai dit en privé que je ne doutais pas de votre volonté d'agir au service de l'agriculture française et des agriculteurs. Vous êtes arrivé aux responsabilités il y a un an, avec le président Emmanuel Macron. Tant mieux pour vous ! Le secteur de l'agriculture navigue pour l'instant en eaux calmes, car les prix à la production sont moins mauvais qu'en 2015 et 2016, notamment dans le secteur de l'élevage, ce qui conduit à un calme et une sérénité temporaires.

Dans nos campagnes, les agriculteurs, les éleveurs nous regardent et suivent nos débats avec attention. S'il n'y a pas plus d'avancées sur les centrales d'achat qu'il n'y en a eu sur les organisations de producteurs, la contractualisation ou les indicateurs de coût de production, notre loi sera un échec et les agriculteurs nous en voudront à juste titre. Mais, surtout, nous n'aurons pas réglé le problème du déséquilibre et du mauvais partage de la valeur ajoutée dans la chaîne des différents acteurs.

Aussi, monsieur le ministre, j'en appelle à votre expertise, afin que vous examiniez avec bienveillance les amendements que nous soutiendrons, pour faire progresser cette cause.

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