Intervention de Valérie Rabault

Séance en hémicycle du lundi 11 juin 2018 à 21h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

Dans votre propos liminaire, madame la ministre, vous avez cité Simone de Beauvoir. Permettez-moi d'entamer mon intervention dans la discussion générale en citant François Mitterrand, qui écrivait dans L'abeille et l'architecte : « Ma liberté ne vaut que si j'assume celle des autres. »

À mes yeux, cette citation résume à elle seule notre différence de doctrine politique au sujet de votre projet de loi : pouvoir exercer pleinement sa liberté en matière de parcours professionnel suppose que chacun exerce sa propre liberté. Or votre projet de loi ne le permet pas, car il a pour seul pivot la liberté individuelle : celle d'utiliser un smartphone pour avoir en temps réel son tableau de bord du compte personnel formation ; celle de pouvoir faire son marché des formations pour trouver celle qui correspond le mieux à son souhait de mobilité professionnelle. Mais il ne veille pas à ce que cet exercice de la liberté individuelle soit effectif pour toutes et tous.

En d'autres termes, le salarié bien au fait des nouvelles technologies trouvera, avec votre projet de loi, la possibilité d'exercer pleinement sa liberté individuelle. Mais ce ne sera pas le cas du salarié plus éloigné du système, ni de celui qui n'aura plus la possibilité de bénéficier d'un bilan de compétences pour faire le point sur sa situation avant de pouvoir s'engager dans une formation, pas plus que de l'apprenti qui n'aura plus de CFA sur son territoire – je songe aux 5 000 apprentis d'Occitanie qui risquent de se retrouver dans cette situation.

Votre projet de loi s'inscrit bien sûr pleinement dans la philosophie promue par le Président de la République, qui vise à s'adresser avant tout à l'individu, sans considérer que ce qui fait la force et la grandeur de notre pays, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan diplomatique, c'est sa cohésion. C'est cette cohésion qui a soutenu la réussite des Trente glorieuses, mais que, contrairement à nous, vous ne considérez pas comme une force ou une valeur. Assurer cette cohésion suppose de penser une réforme sur la base non pas de la seule liberté individuelle, mais de l'exercice réel de la liberté par toutes et tous. Cela, votre texte ne le propose pas ; pire, par certains aspects, il le remet en cause.

Comme vous ne nous convaincrez pas, et que sans doute nous ne vous convaincrons pas s'agissant de notre vision de l'exercice réel de la liberté, …

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