Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du jeudi 14 juin 2018 à 15h00
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 7

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Demain, les règles de prise en charge seront garanties. À chaque fois qu'un nouveau contrat sera signé entre un jeune et une entreprise, la péréquation générale, quelle que soit la branche, quelle que soit la région, et y compris dans les outre-mer, permettra de financer le CFA. Ce système sera plus juste, parce que les professionnels de chaque métier, au niveau paritaire, vont évaluer le coût de la formation, sur la base d'une objectivation des coûts. En effet, qui, mieux que la fédération des coiffures, sait combien coûte la formation d'un coiffeur ? Les subventions vont aujourd'hui du simple au quadruple : c'est la preuve que personne ne sait le faire à l'heure qu'il est.

Cela se fera sur la base d'un cahier des charges qui sera défini avec les régions et les partenaires sociaux au sein de France Compétences, et qui prendra en compte le coût pédagogique, les coûts de fonctionnement et la matière d'oeuvre, mais aussi le premier équipement de l'apprenti. Aujourd'hui, de nombreuses régions financent le premier équipement de l'apprenti, mais toutes ne le font pas. Or il y a beaucoup de jeunes d'origine modeste pour qui l'apprentissage est aussi un ascenseur social. Et quand on a seize ans et qu'il faut commencer par acheter son équipement, c'est un problème pour les familles. Je suis donc favorable à ce que l'on intègre cette dépense dans le coût du contrat.

Ce dispositif permettra de personnaliser les contrats par métier. Pourquoi ? Parce qu'un bac professionnel « commerce » ou « installation des systèmes énergétiques », ou un bac professionnel « intervention sur le patrimoine bâti » ont un coût différent, même au sein du même CFA. Et c'est normal, parce qu'il y a plus ou moins de matière d'oeuvre. Il faut penser aussi au cas des formations rares, qui ont été évoquées ce matin. On ne peut pas gérer la formation de tailleur de pierre au niveau régional, puisqu'il n'y en a que cinq par an en France. Mais le coût au contrat sera beaucoup élevé pour tous les métiers rares.

En revanche, pour les métiers de proximité, comme la boulangerie et la coiffure, par exemple, qui sont présents partout sur le territoire, on sait que l'on remplira les sections. Tout le monde connaît les métiers pour lesquels il est plus difficile de remplir les sections. Les professionnels le savent. Ce sont donc les professionnels qui vont définir ces coûts, sur la base d'un cahier des charges qui sera commun à toutes les branches, et à l'élaboration duquel les régions participeront. De nombreux CFA vont donc recevoir beaucoup plus.

Ne vous y trompez pas ! Pourquoi les compagnons du devoir, les maisons familiales rurales et l'assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat soutiennent-ils cette réforme ? Parce qu'ils ont bien compris que, dans la majorité des cas, les subventions reçues sont inférieures au coût de la formation. Les CFA auront plus de moyens, ce qui leur permettra de développer l'apprentissage sans limites – ils deviendront des développeurs de l'apprentissage, ce qui ne leur est pas permis aujourd'hui, car les subventions reçues en moyenne sont extrêmement basses et leur permettent à peine de survivre. Je ne voudrais pas que la subvention d'équilibre qu'ils reçoivent à la fin de l'année se transforme en subvention de survie. Au contraire, il faut mettre en place un système qui permette de former davantage de jeunes dans les entreprises.

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