Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du vendredi 15 juin 2018 à 9h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 15

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Je me suis longuement expliquée hier sur le sujet, mais je crois nécessaire d'y revenir. D'abord, il ne s'agit évidemment pas d'être pour ou contre une institution. Le problème n'est pas là : il est que le système stagne depuis des années. Depuis l'an 2000, on n'a pas dépassé le chiffre de 450 000 apprentis. Je ne rejette pas la faute sur quiconque et, de fait, il y a en la matière de nombreux aspects et de multiples verrous – financiers, réglementaires ou culturels. On le sait et il me semble que chacun en convient. Force est donc de constater ce qu'il en est de la régulation publique à l'heure actuelle.

En effet, avant de parler du rôle de l'État ou des régions, il faut souligner que la France est le seul pays européen où l'apprentissage, l'enseignement technique, est aussi peu développé, même en cumulant les chiffres avec ceux de l'enseignement technique, et qu'elle est aussi le pays où on l'administre le plus. Il y a une corrélation entre les deux car, comme je l'ai expliqué hier, les branches et les entreprises se voient attribuer un rôle passif dans le système. Or il ne peut pas y avoir de système d'apprentissage qui ne soit bien arrimé à la fois à la formation, car il s'agit de formation initiale, et aux entreprises, car il s'agit d'un contrat de travail professionnalisant. C'est le bon sens. C'est la définition même de l'apprentissage.

C'est pour cela que, tout en travaillant sur le code du travail et sur l'orientation, nous avons entrepris de revoir les équilibres, car le système n'est pas réellement centré autour du jeune et de l'entreprise.

Nous avons interrogé un grand nombre de jeunes, de familles et d'entreprises. Tous disent que c'est très compliqué : on les fait entrer dans une case mais, au bout du compte, ils n'ont pas l'impression d'être aux manettes, alors que la question les concerne au premier chef. Le plus important est donc que le jeune, l'entreprise et le CFA – le formateur, le maître d'apprentissage et le jeune – forment ensemble un triangle efficace.

Quelles sont les conditions pour que ça marche mieux – qualitativement et, dans une large mesure, quantitativement ? C'est là, en effet, notre responsabilité. Dire que tout va bien, qu'on veut garder le statu quo et qu'on se satisfait du partage actuel des responsabilités, alors que tant de jeunes sont au chômage et que rien ne bouge du côté de l'apprentissage, serait irresponsable.

Cela étant, de fausses informations circulent beaucoup dans les médias…

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