Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du vendredi 15 juin 2018 à 21h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 30

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

En écoutant le débat, je relève deux registres de questions. Premièrement, pourquoi a-t-on supprimé les cotisations d'assurance chômage salariées ? Je rappelle que cette mesure, couplée à la diminution des contributions sociales pour les salariés, se traduit, pour une personne rémunérée au SMIC, par un gain de 263 euros nets par an, ce qui est loin d'être négligeable. Nous faisons partie des pays qui connaissent un taux de prélèvements obligatoires élevé ; une partie de votre assemblée estime d'ailleurs qu'il est excessif.

La différence entre la rémunération brute et la rémunération nette des salariés est particulièrement élevée en France, car les charges salariales, à l'instar des charges patronales, sont très importantes. Non seulement nous avons un système très coûteux, qui se caractérise par des prélèvements obligatoires élevés, mais, lorsqu'il regarde sa feuille de paye, le salarié ne comprend pas la justification de l'écart entre la part brute et la part nette de sa rémunération.

Avant de déterminer qui fait quoi, entre l'État et les partenaires sociaux, il faut se placer du point de vue des salariés et des entreprises. Les salariés vont y gagner en pouvoir d'achat, en particulier ceux qui perçoivent les salaires les plus bas, ce qui donne du sens à la réforme. Il faut également apprécier l'évolution des prélèvements généraux.

Deuxième question, qui est responsable de quoi dans un système assurantiel ? Notre régime assurantiel est d'une nature un peu particulière. Il n'est pas assimilable à une assurance privée, car, dans un tel système, l'État ne garantirait pas une dette de 34 milliards. Nous ne pouvons donc pas dire que nous sommes dans du pur assurantiel. Notre système est assurantiel au sens où les parties prenantes – les organisations patronales et syndicales – gèrent et définissent les règles d'indemnisation. Après réflexion, nous avons décidé de conforter ce modèle, qui nous est apparu satisfaisant. Ce sont donc bien les partenaires sociaux qui sont responsables – et le resteront demain – , dans un contexte donné, de définir les règles – y compris la durée – d'indemnisation, et, plus généralement, tout ce qui caractérise le système d'assurance chômage.

Nous visons un objectif d'augmentation du pouvoir d'achat, dans un contexte marqué par la croissance et l'existence d'une dette énorme. Ceux qui nous reprochent parfois de faire quelque chose sont les premiers à dire que l'État doit gérer la dette publique avec rigueur. De fait, si l'on ne réduit pas la dette en période de croissance, quand le fera-t-on ? La notion de trajectoire financière est d'autant plus pertinente que la perspective est meilleure. L'État et les partenaires sociaux doivent la traiter ensemble. J'entends certains dire que ça va aller mieux, qu'on n'a donc rien à faire.

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