Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du lundi 9 juillet 2018 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Au premier tour de l'élection présidentielle, le Président de la République a été choisi par la France mondialisée, celle qui s'en sort bien, qui sait tirer profit des changements du monde, celle qui, finalement, n'a pas besoin de la politique et qui n'attend d'elle que de ne pas être entravée. Mais je vous alerte, cette France-là est minoritaire. Et c'est parce que votre politique donne l'impression de ne servir que cette France-là que les Français sont passés en un an de l'espoir au doute.

Quels que soient ses talents et sa détermination, le chef de l'État ne peut pas créer une véritable communauté de destin dès lors que ceux qui vivent dans les banlieues et les territoires ruraux ne peuvent prétendre au même avenir que ceux qui ont les moyens de vivre au coeur des métropoles.

Il existe dans nos banlieues et dans les territoires ruraux une autre France, qui compte plus d'habitants et qui a vraiment besoin de politiques publiques pour espérer avoir droit à l'égalité des chances. C'est cette France-là qui vous a confié les clefs du pays après le second tour de l'élection présidentielle, car elle voulait encore croire en la République et sa promesse de récompense du mérite plutôt que de perpétuation des situations acquises. C'est cette France-là dont, devant la pyramide du Louvre, le tout nouveau chef de l'État a promis de tenir compte. C'est cette France-là qui ne voit rien venir et qui s'impatiente en voyant s'accumuler les difficultés : la désertification médicale, un système hospitalier à bout de souffle, l'insécurité qui continue de croître, les services publics qui s'éloignent, les transports déficients. C'est cette France-là qui, si rien ne change pour elle, pourrait faire défaut lors d'une prochaine élection présidentielle. Cette France-là, fragile et fatiguée, n'attend pas de plan pauvreté, elle veut qu'on lui garantisse l'égalité des chances.

Les fractures sont multiples, se croisent, s'accumulent et s'accentuent. Vous n'en êtes pas seuls responsables, vous ne les avez pas créées, mais elles peuvent toutes être atténuées, si ce n'est, résorbées par la volonté des pouvoirs publics. Nous regrettons les mauvais signaux envoyés aux banlieues que constitue le refus de construire de nouvelles politiques publiques…

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