Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Permettez-moi d'échanger avec Vincent Descoeur et Christian Jacob. Nous avions eu en effet, en première lecture, la même discussion et vous étiez intervenus – à juste titre, du reste. C'est la raison pour laquelle je me suis efforcé d'affiner un peu ma réflexion en échangeant avec les agriculteurs, qui m'ont suggéré cet amendement. C'est là toute la difficulté, toute la gymnastique que nous devons faire, compte tenu des états généraux de l'alimentation.

L'amendement que je défends ne changera rien pour les fruitières jurassiennes qui produisent du comté et ne leur enlèvera rien. D'une manière générale, elles recourent à la race montbéliarde – les vaches l'Est – et produisent principalement du comté, ce qui est une réussite, un succès énorme.

Christian Jacob a cité tout à l'heure les Vosges et les Savoie, où il n'y a pas de problème. Dans l'Ouest, en revanche, nous nous trouvons dans une région qui produit du volume. Il en va de même pour les industriels, sauf exception – je pense à Triballat, à Noyal-sur-Vilaine, et à la famille Clanchin, qui cultivent l'excellence depuis quarante ou cinquante ans, et précèdent donc les évolutions dont nous débattons aujourd'hui. Ils ne connaissent donc pas ces problèmes, car ils sont à la fois sur des marchés de volume et sur des produits spécifiques.

Je reviens sur cet amendement, car j'ai rencontré des agriculteurs : selon eux, dans l'Ouest, nous avons su faire du volume – je parle pour nous, les Bretons – mais nous nous sommes insuffisamment intéressés à la qualité et à l'aval de la filière, c'est-à-dire à la transformation et à la distribution.

Désormais, les agriculteurs veulent prendre leur destin en main. À l'occasion du débat sur les états généraux de l'alimentation, ils souhaitent que nous leur permettions de s'organiser et de s'imposer face aux industriels. Le producteur de lait du bassin fougerais ou du bassin rennais n'enverra pas son lait en Franche-Comté pour faire du comté ! Il veut valoriser sur place et transformer sur place.

Nous, élus bretons – avec Gilles Lurton, Marc Le Fur et Laurence Maillart-Méhaignerie – , nous voulons des outils de transformation. Nous étions à Fougères, dimanche matin, avec Laurence Maillart-Méhaignerie et le ministre, pour l'inauguration d'une usine de fabrication de minéraux : c'est une usine de proximité, et nous sommes bien heureux quand nous avons des outils de proximité !

Je souhaite donc que les agriculteurs bretons et d'autres régions se structurent, lancent une consultation et puissent, s'ils le désirent, demander dans la construction du prix de séparer le prix « départ producteur » du prix « arrivée usine ». Et ainsi, dans l'Ouest, nous pourrions établir des segmentations, des collectes séparées, distinguer les laits selon leur origine – petite région géographique – et selon leur qualité. Avec cela, il est possible de construire des marchés et de tendre vers un juste partage de la valeur ajoutée, ce que vous prônez depuis un an, monsieur le ministre de l'agriculture. Voilà la réponse que je souhaitais apporter à Christian Jacob et à Vincent Descoeur.

Par ailleurs, l'amendement précise que cela concerne « notamment » le prix collecté au siège du vendeur et le prix livré chez l'acheteur : ce n'est pas une obligation. En outre, cela n'enlèvera rien aux Jurassiens, aux Savoyards, aux producteurs du Massif central, qui se sont structurés depuis des siècles, puisque ce sont des traditions séculaires. L'on sait bien que ces produits nobles, tournés vers l'excellence, ne connaissent pas la crise. Les Bretons, les Normands, les collègues des Pays de la Loire peuvent faire des choses magnifiques si nous les aidons.

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