Intervention de Valérie Thomas

Séance en hémicycle du mercredi 26 septembre 2018 à 15h00
Accord de dialogue politique et de coopération entre l'union européenne et cuba — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Thomas :

Madame la présidente, madame la ministre, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, monsieur le rapporteur, chers collègues, l'accord de dialogue politique et de coopération entre l'Union européenne et ses États membres, d'une part, et la République de Cuba, d'autre part, a quelque chose d'anachronique, comme l'un des derniers résidus de guerre froide dans notre monde du XXIe siècle.

Je n'oserais dire que l'on est appelé, aujourd'hui, à ratifier un texte qui contribue à tourner la page de l'ancien monde, mais le dialogue que l'Union européenne instaure avec Cuba se situe à un moment clé des relations internationales, comme le montre l'absence des États-Unis dans cette région du monde où, pourtant, son activisme diplomatique pesait encore il y a peu.

Il s'agit donc, pour l'Union européenne, de saisir l'opportunité que représente le texte afin de s'ériger comme acteur essentiel d'un dialogue serein et comme défenseur du multilatéralisme en Amérique latine. Notre rôle, en tant qu'Européens, doit consister à conforter le chemin emprunté par le régime cubain vers une ouverture accrue du pays et un renouveau de son économie.

La puissance européenne présente ici un premier acte : elle ancre la relation avec Cuba dans le cadre du droit international et oeuvre à sa normalisation. De nombreuses dispositions de l'accord qu'il nous est proposé de ratifier visent à mettre en place les instances de dialogue entre les parties, à en établir le champ politique et à définir des coopérations dans des domaines spécifiques.

Cet accord constitue l'affirmation d'une coopération responsable prenant en compte les atouts du pays, qui n'en manque pas. Nous ne pouvons nier que Cuba a su mettre en place des systèmes de santé et d'éducation relativement performants, en dépit de la pauvreté qui y règne et des difficultés qu'a rencontrées le pays. Avec cet accord, il s'agit de les renforcer, mais aussi d'engager de nouvelles coopérations afin de favoriser l'emploi et la protection sociale, et plus généralement tout ce qui pourra contribuer au développement économique de l'île et rompre sa trop grande dépendance vis-à-vis du Venezuela.

Au cours des dernières années, le régime cubain s'est engagé dans l'ouverture de nouveaux partenariats, notamment avec la France. Il en est résulté la contribution de notre pays à la restructuration de la dette cubaine en 2015 ainsi que la signature, le 1er février 2016, d'une feuille de route économique bilatérale étendant le champ de compétence de l'Agence française de développement – AFD.

Le budget de la coopération entre la France et Cuba s'élève à 334 000 euros, soit une augmentation de 20 % depuis 2014, essentiellement au profit de la diplomatie culturelle et d'influence. Avec l'appui financier de l'Union européenne, l'AFD s'est engagée dans plusieurs projets à Cuba, tels que la modernisation agricole, la rénovation d'ateliers de maintenance ferroviaire, un prêt souverain alloué au ministère de la santé publique et une contribution à la transition énergétique de Cuba.

Sur ce sujet, l'Union européenne et Cuba partagent des objectifs forts et ont affirmé leur volonté commune d'atteindre les objectifs de développement durable d'ici 2030. Au demeurant, le gouvernement cubain a très clairement pris position aux côtés de la France et de l'Union européenne lors de la signature de l'accord de Paris en 2015.

Le texte permet également l'intégration progressive de Cuba à un outil majeur de la diplomatie européenne, et plus généralement à une certaine idée du multilatéralisme, caractérisée en l'espèce par la volonté d'intégrer Cuba à son espace régional. Ainsi, l'article 59 de l'accord de dialogue politique et de coopération engage les parties prenantes à soutenir le développement de la coopération entre Cuba et ses voisins des Caraïbes, dans le cadre du Cariforum.

Pour rappel, ce forum caribéen réunit les États des Caraïbes signataires des accords de Cotonou. Il assure un rôle majeur dans l'attribution des ressources du Fonds européen de développement et favorise l'intégration et le dialogue régionaux. Toutefois, s'agissant de la coopération entamée ici entre Cuba et l'Union européenne, il convient de porter une exigence forte visant à accompagner Cuba, par son émancipation, sur les voies du respect des droits humains et de l'État de droit.

Mes chers collègues, à l'évidence, ce n'est qu'un début, mais les bases et le cadre de cet accord donnent corps à la volonté européenne d'une diplomatie de progrès qui anime les progressistes européens. Je vous enjoins donc de voter, aux côtés des membres du groupe La République en marche, en faveur de la ratification de l'accord de dialogue politique et de coopération entre l'Union européenne et Cuba, et de contribuer ainsi à une nouvelle puissance diplomatique européenne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.