Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du jeudi 27 septembre 2018 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Je vous remercie pour votre réponse détaillée, monsieur le ministre. Si je me suis permis de vous interpeller en ces termes, c'est parce que, dans votre précédente démonstration, vous avez associé l'idée de la compétition à celle du « produire moins cher ».

S'agissant de la spécificité française, quand bien même vous la défendriez et vous passeriez toutes les décisions, y compris européennes, au tamis des intérêts de la France – ce sur quoi je vous rejoindrais – , vous continueriez à agir dans le cadre des traités européens, lesquels interdisent l'harmonisation sociale et fiscale en Europe – c'est écrit dans le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. La compétition est donc induite par ces traités.

Le cadre institutionnel de notre Ve République – nous la critiquons et voulons passer à la VIe – permet néanmoins de mener des politiques très différentes, de placer les curseurs à divers niveaux. Les traités et la logique institutionnelle européenne forcent tout le monde à suivre la même politique : tout le monde doit bouffer de l'ordolibéralisme, on ne peut rien faire d'autre dans le cadre de l'Union européenne tel qu'il est fixé par ces traités, qui ont par ailleurs été rejetés par certains peuples.

Je vous alerte, monsieur le ministre, car nos discussions ne sont pas sans lien avec la situation critique que nous connaissons dans l'Union européenne. À quoi est due la colère des peuples européens qui, souvent, trouve une issue que vous comme moi combattons, à savoir le repli identitaire, le chauvinisme, cette vision rabougrie que certains défendent ici même ? Cette colère est la conséquence de la compétition acharnée. Peut-être cette analyse vous paraît-elle caricaturale, mais comment résumer à grands traits l'Union européenne telle qu'elle fonctionne aujourd'hui ? Nous avons mis dans le même paquet, parfois de force, nous avons enfermé dans des traités rejetés démocratiquement des pays entre lesquels il n'y a pas d'harmonisation sur le plan fiscal et social. Par conséquent, c'est : « Battez-vous et que le meilleur gagne ! ». Cette logique ne peut qu'inciter au moins-disant social et environnemental, avec les conséquences que nous connaissons tous et qui nourrissent de facto la colère populaire.

Nous avons le devoir de trouver une issue positive à cette colère. C'est ce que nous faisons lorsque nous proposons de changer de paradigme. Il va falloir s'y atteler. On ne peut pas s'inquiéter de ce que l'extrême droite est aux portes de nombreux pays européens sans s'interroger sur la colère populaire. Ce sont vos politiques qui produisent cette colère qui, à son tour, aboutit à ce que nous voyons arriver dans l'Union européenne et qu'il nous faut combattre.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.