Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du mercredi 27 septembre 2017 à 21h30
Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme — Après l'article 4 quinquies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, les mesures que propose ce projet de loi doivent s'accompagner d'une évolution de notre système pénal. Il n'a été jusqu'ici question des contrôles d'identité que du point de vue des forces de l'ordre ; mais si nous voulons assurer une véritable cohésion sociale et apaiser les tensions qui existent malheureusement entre la police et la population, il faut également mieux encadrer ces procédures. Aujourd'hui, les organisations des droits humains – la Ligue des droits de l'homme, le Groupe d'information et de soutien des immigrés, le Syndicat des avocats de France – sont nombreuses à dénoncer l'inertie des pouvoirs publics dans ce domaine. Elles se fondent notamment sur une étude menée en 2007 et 2008 dans deux gares parisiennes, qui a démontré que des personnes perçues comme noires couraient entre 3,3 et 11,5 fois plus de risques que celles perçues comme blanches d'être contrôlées par la police. Les personnes perçues comme Arabes couraient, quant à elles, entre 1,8 et 14,8 fois plus de risques que celles supposées blanches. Cette étude a conclu à la nécessité d'introduire des récépissés de contrôle d'identité. Malheureusement, nous n'avons pas pu proposer un amendement en ce sens étant donné que l'article 40 nous interdit de créer de nouvelles charges – disposition qui contredit la volonté affichée d'accorder plus de moyens pour prévenir la commission d'actes terroristes. Il serait important de permettre aux agents de police de mener leur action dans un climat apaisé et dans la cohésion.

Nous proposons cet amendement pour mettre à plat et faire évoluer les pratiques. Comme le souligne la Ligue des droits de l'homme, les contrôles d'identité doivent être mieux encadrés. La Commission nationale consultative des droits de l'homme a recommandé aux pouvoirs publics d'assurer la traçabilité de ces opérations. La Cour de cassation a confirmé dans une condamnation que l'État était coupable de discrimination dans les contrôles d'identité ; le Défenseur des droits également. Il existe aujourd'hui tout un ensemble de propositions et de mesures qui permettraient de prévenir les tensions et d'aménager les relations entre la population et la police ; nous vous demandons de les inclure dans ce projet de loi.

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