Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du mercredi 3 octobre 2018 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Article 44

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth :

Il y a de quoi se poser des questions.

Pour revenir aux choses sérieuses, je suis très étonné que vous n'abordiez pas la vraie question : l'État conservera-t-il une participation et, si oui, de quel niveau ? Il est très important de le savoir. Si tel était le cas, verriez-vous d'un bon oeil l'organisation d'une minorité de blocage, associant l'État, les collectivités territoriales, si l'amendement de M. Bourlanges est adopté, et, éventuellement, d'autres actionnaires en lien avec l'État ou ces collectivités ?

Que le capital d'ADP évolue ne me semble pas en soi contestable sur le plan idéologique. En revanche, comme l'a souligné Daniel Fasquelle, la plupart du temps, c'est-à-dire non pas dans 10 % mais dans 85 % des cas, soit le capital des grands aéroports est partagé entre le public et le privé, soit il est uniquement public. Nous devons obtenir une réponse à cette question, et il est très surprenant que vous ne puissiez pas nous l'apporter. À votre avis, faut-il constituer une minorité de blocage dans laquelle, je le répète, apparaîtront l'État, avec un pourcentage qui reste à déterminer, les collectivités territoriales concernées – c'est le cas de quasiment tous les grands aéroports du monde – et, si cela ne suffit pas, des partenaires financiers choisis sur la même base ?

De plus, vous ne garantissez pas le financement du fonds pour l'innovation de rupture : l'argument de ces 250 millions d'euros ne tient guère. Daniel Fasquelle l'a rappelé, les programmes d'investissements d'avenir couvrent une cinquantaine de milliards – peut-être un peu plus, mais il devient difficile de s'y retrouver entre le PIA 1, le PIA 2, le PIA 3 et, maintenant, le Grand plan d'investissement. En tout cas, entre 50 et 60 milliards d'euros peuvent être investis: c'est la mission de Bpifrance, qui a pris la suite du FSI – Fonds stratégique d'investissement – créé par Nicolas Sarkozy.

Pourquoi un fonds de 250 millions d'euros fonctionnerait-il tout seul, en dehors de ces PIA qui sont eux-mêmes des initiatives de l'Etat ? Je ne comprends pas l'intérêt d'une telle complexité. Je le répète, ce fonds n'est pas un argument suffisant, c'est le moins qu'on puisse dire, pour justifier cette privatisation.

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