Intervention de Geneviève Levy

Séance en hémicycle du jeudi 11 octobre 2018 à 9h30
Avenir de la santé — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeneviève Levy :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, le 18 septembre dernier, le Président de la République a annoncé un plan santé qui était attendu et qui, sur le papier, présente des avancées indiscutablement importantes.

S'agissant du complexe problème des déserts médicaux, tout a-t-il été mis en place pour lutter contre la multiplication de ces zones sous-médicalisées ? Le plan de lutte présenté par la ministre en septembre 2017, et qui est repris in extenso dans le plan santé, fournit-il des premiers résultats ? On peut en douter. En 2017, 2,5 millions de Français vivaient dans un désert médical et 192 zones en danger étaient recensées. Or il n'y a jamais eu autant de médecins qu'en 2017, où ils étaient quasiment 290 000. C'est qu'une forte tendance est observée ces dernières années : la hausse bénéficie aux médecins spécialistes, au détriment de la médecine généraliste, que boudent les étudiants. En dix ans, de 2007 à 2017, la France a perdu 8 % de ses généralistes. Le modèle du médecin de famille est malheureusement devenu une image d'Épinal.

Différentes mesures ont été tentées : on a déployé des politiques de subventions et d'aides à l'installation, on a élargi le numerus clausus, créé le statut de praticien territorial de médecine générale, installé, enfin, des communautés professionnelles territoriales de santé. Si l'on a échoué dans bien des cas, c'est que la médecine se pratique aujourd'hui différemment : les jeunes générations refusent le sacerdoce du médecin libéral qui exerce, seul et sans compter ses heures, en cabinet comme à domicile.

Forte des leçons des expériences passées et des auditions des professionnels de santé, la présente proposition de loi envisage la création de villages de santé. Il s'agit tout simplement de reprendre et d'améliorer le principe des CPTS en supprimant tous les freins constatés durant ces deux années d'existence. Aujourd'hui, sur 200 projets montés, seules une vingtaine de CPTS ont vu le jour. C'est bien en dessous des attentes et des besoins du terrain, et pour cause : les CPTS maintiennent la logique de l'empilement des structures et de l'éparpillement des moyens humains et financiers, là où il y aurait besoin de coordination et de mise en réseau.

Je tiens à évoquer une innovation dans le fonctionnement de ces structures : la présence de représentants des patients dans leur conseil d'administration. Sans compter la question des moyens, la réussite de la création de structures de proximité se mesurera à sa philosophie à l'égard de la communauté soignante du territoire : souplesse et débureaucratisation, confiance et responsabilité devront en être les maîtres-mots. C'est dans un esprit de décentralisation, de célébration de la proximité et d'organisation horizontale et pluridisciplinaire que le choix du nom « village de la santé » s'est imposé.

Enfin, la lutte contre les déserts médicaux se remportera aussi sur le terrain du développement de la télémédecine.

Pour toutes ces raisons, nous soutiendrons, bien évidemment, la proposition de loi que nous examinons aujourd'hui.

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