Intervention de Franck Riester

Séance en hémicycle du lundi 3 juillet 2017 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFranck Riester :

Cette fracture territoriale qui divise les Français n'en est qu'une parmi tant d'autres. Regardons la réalité en face, nos politiques publiques sont en échec depuis des années : échec à produire des résultats visibles par les Français, échec à améliorer leur quotidien. Nous le constatons chaque jour sur le terrain, auprès de nos compatriotes. Ne nous étonnons pas si la France doute d'elle-même et si les Français sont divisés.

Mes chers collègues, nos concitoyens nous ont transmis un message clair lors de la dernière élection présidentielle. Par leur vote, ils ont exprimé leur colère, leur rejet d'un système qui leur coûte tant et leur apporte si peu. En élisant le Président de la République, au deuxième tour de l'élection présidentielle, ils ont eu l'audace du renouvellement et le courage de l'espérance, cette espérance d'une France qui, retrouvant sa place en Europe et dans le concert des nations, leur apporte protection et prospérité.

Cette espérance ne doit pas être déçue. Ce quinquennat doit donc être une réussite pour la France. Nous avons le devoir d'améliorer la vie de nos compatriotes. Ne rien faire ou, pire, continuer comme avant, ce serait les trahir. Ainsi, humanistes, femmes et hommes de la droite et du centre, notamment issus de l'UDI et des Républicains, nous avons décidé de nous rassembler au sein du groupe Les Constructifs, nouvelle force parlementaire à l'Assemblée nationale. Nos convictions sont fortes, nous les défendrons.

Pour autant, unis dans une démarche d'opposition constructive, nous souhaitons travailler de façon libre et responsable avec le Gouvernement. Habités par la volonté d'agir, le devoir de réformer, nous sommes décidés à moderniser le pays. En dépassant les vieux réflexes partisans, nos prises de position seront motivées exclusivement par le service de l'intérêt général.

Pour nous, l'urgence est de répondre aux grands défis auxquels la France est confrontée, en premier lieu à la nécessaire régénération de notre démocratie. Il est indispensable, comme le Président de la République l'a évoqué, de moderniser l'action publique et de retisser le lien de confiance entre les citoyens et les élus. Veillons néanmoins à ne pas compromettre l'équilibre bénéfique entre renouvellement et expérience. Prenons garde également à ne pas tomber dans un anti-parlementarisme démagogique. Les parlementaires ont besoin de moyens pour s'acquitter pleinement de leur fonction législative, de contrôle de l'action du Gouvernement et d'évaluation des politiques publiques. Nous voulons aussi réformer le processus législatif pour le rendre à la fois plus concentré dans le temps et plus collaboratif avec les citoyens, la société civile.

Le Président de la République a également parlé de l'Europe. Européens convaincus, nous nous réjouissons de la relance du couple franco-allemand, moteur de la dynamique européenne. Nous sommes persuadés que seule l'action conjuguée de ces deux pays permettra à l'Union européenne de se refonder pour mieux protéger les peuples et faire face plus efficacement, par exemple, aux nouveaux défis de la mondialisation ou des flux migratoires.

Cet engagement prend une résonance particulière au moment de la disparition de Simone Veil. Témoin et victime des déchirements et des abominations de l'histoire du continent, elle a placé la réconciliation franco-allemande et la construction européenne au centre de son engagement. L'exemple de sa vie doit inspirer notre action politique.

Notre groupe entend prendre aussi toute sa part au projet de redressement de la France, en formulant des propositions crédibles, utiles et efficaces pour notre nation.

Nous devons moderniser en profondeur l'État ainsi que l'organisation politique et administrative française ; c'est stratégique, c'est la clé de la maîtrise durable de la dépense publique.

Nous devons en finir avec l'augmentation de la fiscalité.

Nous regardons avec bienveillance l'idée de nouveaux « accords de confiance » avec les territoires.

Nous devons améliorer la compétitivité de nos entreprises. Dans la compétition internationale, notre pays doit adapter son cadre fiscal, normatif, social et valoriser le travail ; ce sont des conditions déterminantes du retour au plein-emploi.

Nous devons aussi restaurer l'autorité de l'État. Il faut mettre fin au sous-investissement chronique dans la justice de ce pays, source de tant de maux au sein de notre société.

Nous devons renforcer notre défense nationale pour faire face notamment à la menace toujours aussi vive du terrorisme islamiste.

Nous devons placer la France à l'avant-garde de la transition écologique en faisant notamment de la croissante verte une réalité.

Nous devons réaffirmer le rôle éminent de la culture et de l'éducation dans notre projet politique : en éveillant les esprits, celles-ci doivent permettre de donner du sens aux évolutions du monde contemporain et de former des citoyens libres.

Enfin, nous devons conduire la transformation numérique de notre société, enjeu de souveraineté considérable si nous ne voulons pas devenir les colonies des géants de l'internet américain ou chinois.

La prise de conscience de cette situation au plus haut niveau et la réponse que nous apporterons à ces enjeux sont essentielles d'un point de vue tant économique que social et sociétal.

Mesdames et messieurs, chers collègues, la France et les Français disposent d'atouts et de forces considérables pour relever tous ces défis. Je pense notamment à la complémentarité de nos espaces urbains, ruraux, ultramarins, à cette envie de créer, d'innover, de construire qui anime nos compatriotes mais aussi et surtout à cette immense richesse qu'est la diversité française, à condition de la regarder avec lucidité et bienveillance, et de respecter chaque citoyen en lui permettant de s'épanouir et de donner le meilleur de lui-même. Chaque citoyen compte. Libérons les énergies du pays ! Mettons-nous au travail sans attendre !

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