Intervention de Valérie Masson-Delmotte

Réunion du mercredi 27 septembre 2017 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement, LSCE du CEA, membre du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, GIEC :

Le GIEC prépare un ensemble de rapports jusqu'en 2021, dont un rapport sur le réchauffement global de 1,5° C, à l'invitation de la COP21, qui sera soumis pour approbation en septembre 2018. Au printemps 2018, Paris hébergera la réunion du panel, avec des représentants des différents gouvernements. Ce sera l'occasion de célébrer les trente ans de cette organisation et de réfléchir à l'avenir, dans un contexte où le gouvernement américain, qui finance 40 % du budget de cette expertise internationale, n'envoie pas de signal clair sur la poursuite de son financement.

J'aimerais aborder, tout d'abord, la place en France et les conditions de développement d'une recherche fondamentale motivée par la curiosité, dans un contexte où, partout dans le monde, on voit une volonté de plus en plus grande du politique pour piloter la recherche. Quelle place fait-on à la recherche fondamentale pilotée par la curiosité, y compris la confiance accordée aux jeunes chercheurs pour leur permettre de déployer leur créativité ? En corollaire à cela, il serait intéressant d'évaluer les conditions de travail en France des jeunes enseignants chercheurs, et tout particulièrement des maîtres de conférence. Il y a des questions liées à la promotion professionnelle des femmes, la proportion de femmes professeurs, par exemple, par rapport à la proportion de femmes maîtres de conférence.

Le troisième sujet qui me tient à coeur fait écho à plusieurs préoccupations qui ont été exprimées précédemment : la place de la science dans la société, et tout particulièrement l'éducation à la démarche scientifique des jeunes générations qui ont comme premières sources d'information internet et les réseaux sociaux. Il s'agit de développer leur esprit critique par rapport aux caisses de résonance de toutes les théories conspirationnistes et des rumeurs ; la question du changement climatique est d'ailleurs très intéressante de ce point de vue-là car, si vous comparez le monde anglo-saxon et le monde francophone, nous avons des différences sensibles.

Le dernier sujet est un sujet d'actualité qui touche aux limites des connaissances, mais à des enjeux de société majeurs : les événements extrêmes dans un climat qui change, et tout particulièrement les tempêtes tropicales. Quelles sont les connaissances scientifiques nécessaires pour l'alertant, les outils de prévision météorologique et les connaissances scientifiques nécessaires pour une reconstruction intelligente, c'est-à-dire résiliente sur le long terme ? On touche aux limites des connaissances autour de l'influence humaine sur des événements particulièrement destructeurs. La communauté scientifique n'est pas structurée pour faire une évaluation collective. Il y a, aujourd'hui, des enjeux très importants au regard des dégâts des catastrophes naturelles récentes, à mon sens les plus coûteuses, je pense, pour la France, aux Antilles. Et la mobilisation des connaissances scientifiques pour une reconstruction intelligente me paraît urgente.

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