Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du vendredi 9 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Travail et emploi (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Voici une série de quatre amendements qui cherchent à alerter sur un scandale et, j'espère, à le réparer. Comment pouvons-nous accepter non seulement la précarité, mais aussi la pauvreté des femmes et des hommes – le plus souvent des femmes – qui s'occupent de nos bébés, de nos enfants, y compris handicapés, et de nos personnes âgées ? Comment pouvons-nous l'accepter alors qu'elles s'occupent de nos êtres les plus chers et qu'elles maintiennent ce qu'il y a de plus précieux dans notre société : le lien, la relation. À mon avis, l'explication tient justement pour beaucoup au fait que ce sont des femmes : habitués à les voir accomplir ces tâches à la maison depuis des siècles, gratuitement, nous considérons normal qu'elles soient sous-payées et précaires quand elles le font dans la société. En effet, selon l'INSEE, ces métiers sont les moins bien payés de France.

Ma question, s'agissant de ces quatre amendements, est la suivante : que comptez-vous faire pour réparer cette injustice ? Quel est votre plan ? Ces amendements concernent au total environ 2 millions de personnes.

Le premier amendement se rapporte aux animateurs et animatrices périscolaires qui, dans bien des communes de France, vivent pendant des années des situations de grande précarité. Ainsi, Laura, animatrice à Amiens, explique : « Je suis auxiliaire, ça veut dire que tous les deux ou trois mois, ils me renouvellent. Ou pas. Et ça fait trois ans que ça dure, comme directrice adjointe remplaçante. Et avant ça, j'ai fait onze ans de vacation animatrice. Comment vous voulez que j'aie un enfant ? Ils vont mettre quelqu'un sur mon poste pendant ce temps-là, et je pourrais redémarrer à zéro. » Ce témoignage n'est malheureusement pas loin de décrire la norme du métier d'animateur périscolaire, qu'il faut absolument parvenir à structurer. Cet amendement d'appel – ou d'interpellation – propose de créer 200 000 postes solides dans ce domaine. Madame la ministre, que proposez-vous pour sortir ces métiers de la pauvreté et de la précarité ?

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