Intervention de Marcel Van de Voorde

Réunion du jeudi 6 décembre 2018 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Marcel Van de Voorde, professeur à l'Université technologique de Deft, Pays-Bas :

– Je suis Belge, mais surtout européen. J'ai été directeur au CERN, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire, puis directeur général de la direction générale Recherche de la Commission européenne, je suis directeur de l'Institut Max-Planck en Allemagne ; j'ai été professeur à Delft et je le suis toujours à Pékin et à Tokyo.

Monsieur le premier vice-président, les études de l'Office sous votre mandat sont excellentes – je pense à l'intelligence artificielle ou encore à l'énergie –, l'OPECST est très dynamique et efficace.

Je siège aussi dans les comités du Bundestag et du Parlement européen et au sein de la Commission. On traite des mêmes sujets en Allemagne qu'à la Commission ; les études de l'OPECST seraient très intéressantes pour l'Europe, et vos relations avec le panel Science and Technology Options Assessment (STOA) devraient être renforcées. J'espère que l'on pourra inviter des membres du STOA ou de l'Energy Technology Reference Indicator (ETRI) et que vous vous rendrez à Bruxelles pour présenter vos études.

Vos études n'ont pas d'équivalent au sein de la Commission européenne, et il faut trouver un moyen de valoriser vos résultats afin de les intégrer dans les programmes de la Commission. Par exemple, j'ai reçu un projet de note de l'Office sur les lanceurs spatiaux réutilisables ; il est dommage que ces domaines ne se retrouvent pas dans les programmes de la Commission – je l'ai déjà mentionné auprès du député Fugit.

Par ailleurs, j'ai beaucoup étudié les effets du Brexit. C'est un sujet majeur, dont les répercussions négatives se feront sentir en Europe et au Royaume-Uni sur la recherche.

Je veux aussi évoquer la réforme universitaire. Google était dernièrement à Genève pour recruter les meilleurs scientifiques, mais ils ont été très déçus. Sur les cent personnes recherchées, ils n'en ont recruté que trente. Les universités ne sont pas bien formées pour assurer l'avenir de l'industrie. De même, la direction de Thalès m'a dit éprouver des difficultés à recruter des profils intéressants. La quatrième révolution industrielle s'annonce. Aurons-nous, en Europe, les profils intéressants dans cinq ou dix ans ? Cette réforme de l'université est donc très importante. J'étais rapporteur pour le processus de Bologne et, quand j'étais à la direction générale Recherche, j'ai lancé le programme Erasmus. C'est certes du passé, mais il faut continuer à réfléchir à l'avenir.

En outre, j'évoquerai la question de la valeur de nos universités. Dans les classements internationaux, l'École polytechnique fédérale de Lausanne et les universités de Zurich, Oxford et Cambridge sont les seules à être bien placées, mais la Suisse ne fait pas partie de l'Union européenne et le Royaume-Uni la quitte. Ne faut-il pas faire quelque chose ?

Enfin, il faut traiter la relation entre les sciences de l'avenir – la grande intelligence artificielle, la physique quantique ou autres – et la population, qui n'arrive plus à suivre. La population commence à vouloir freiner les progrès et donc les investissements en nanosciences, en nanotechnologie, en nanosciences de l'alimentation, en nanoélectronique, en nanomédecine, etc.

Permettez-moi, en conclusion, d'insister une nouvelle fois sur la nécessité de développer nos coopérations avec les organismes parlementaires scientifiques du Parlement européen et des autres pays.

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