Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 21h30
Débat sur l'action de l'État dans l'exercice de ses missions régaliennes en seine-saint-denis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Par ailleurs, il s'agit du seul département de France que l'on réduit à un numéro de plaque minéralogique – « 9-3 » – , ce qui est à mes yeux insultant pour ces gens qui veulent simplement jouer la République et s'en sortir alors même que la République, parfois, se joue d'eux.

Les recettes d'hier, composées de déplacements ministériels télévisuels répétés – et ce d'autant plus que le département n'est qu'à un quart d'heure de Paris – , d'annonces renouvelées et de politiques inadaptées, sont toujours au goût du jour.

Il est urgent de mettre un terme à cette attitude. L'État doit enfin assurer au département de Seine-Saint-Denis les conditions essentielles à sa prospérité et à son développement.

Pour ce faire, il faut d'abord apprendre à connaître sa population – le rapport le démontre très bien. La commune dans laquelle je vis – et où j'ai grandi – est censée avoir 70 000 habitants. Elle en compte sans doute 75 000. Nul ne le sait.

Comment mettre en oeuvre des politiques publiques si on ne connaît même pas la situation ? C'est un médecin incapable d'établir de diagnostic délivrant une ordonnance !

Il est évident que vous n'êtes pas responsables de cette situation, madame et messieurs les membres du Gouvernement. Il n'en est pas moins nécessaire que l'État alloue enfin au département des moyens à la hauteur des enjeux – votre rapport le démontre, messieurs les rapporteurs – , notamment en nous dotant de personnels expérimentés, mieux payés qu'ailleurs et bénéficiant d'avantages en matière de retraite ainsi que d'une facilité d'accès à la propriété – bref, l'État doit rendre le département attirant pour les meilleurs de ses serviteurs !

En matière militaire, si une opération est particulièrement difficile, on envoie les troupes d'élite. En Seine-Saint-Denis, nous avons besoin de l'élite de la République et non de serviteurs dévoués mais débutants !

Pour paraphraser les mots de la procureure de Bobigny, il faut allouer des moyens exceptionnels à ce département exceptionnel, car les situations y sont exceptionnelles. Au lieu de quoi notre département, qui a toujours eu besoin de plus que les autres, a toujours reçu moins que les autres.

Je remercie MM. les rapporteurs de l'avoir démontré – cette fois, il s'agit de personnes étrangères à notre département. Les moyens qui nous sont accordés pour tenir compte de nos difficultés sont inversement proportionnels au nombre de ministres qui y sont venus par le passé s'y faire de la pub à bon compte !

Dès lors, madame et messieurs les membres du Gouvernement, l'enjeu – le seul enjeu – de notre département est de savoir si le gouvernement auquel vous appartenez sera le premier à se donner les moyens et à faire preuve de la volonté politique – tel n'est pas le chemin que je l'ai vu suivre jusqu'à présent – d'accorder aux habitants de la Seine-Saint-Denis, aux exclus, aux reclus, aux ghettoïsés de la République, l'égalité des chances à laquelle ils n'auraient jamais dû cesser d'avoir droit.

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