Intervention de Patrice Anato

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 21h30
Débat sur l'action de l'État dans l'exercice de ses missions régaliennes en seine-saint-denis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Anato :

Il était une fois la Seine-Saint-Denis : cinquième département le plus peuplé de France, bientôt théâtre des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, c'est le troisième contributeur du pays pour la TVA. Le plus grand stade du pays s'y trouve et porte le nom de la nation : Stade de France. Dans la diversité qui le caractérise, si un lieu pouvait aussi bien représenter la République indivisible et unie dans ce qui la rassemble plutôt que dans ce qui la divise, c'est bien la Seine-Saint-Denis.

Madame et messieurs les membres du Gouvernement, je ne serai pas le premier à souligner, devant vous – j'ai le secret espoir d'être l'un des derniers – , que si la Seine-Saint-Denis fait partie de la République, il semblerait parfois que, sur le chemin de la réussite nationale, la République l'ait quelque peu délaissée.

Dans un des départements les plus jeunes de France, les indicateurs sont au rouge : près de trois habitants sur dix vivent sous le seuil de pauvreté. Dans de nombreux domaines, certains Séquano-dyonisiens ont parfois l'impression que, si la République est pour tout le monde, elle n'est certainement pas pour eux. Rappelons qu'on investit 47 % de moins dans l'éducation d'un élève de Seine-Saint-Denis que dans un élève de Paris ! Rappelons qu'avec 4 000 appels quotidiens pour 2 000 places, le 115 de Seine-Saint-Denis est à saturation. Rappelons qu'il manque des médecins dans trente-sept des quarante communes du département. Rappelons que 38 % de la population vivent dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ces multiples rappels sonnent comme autant de mises en garde.

J'aurais bien voulu vous raconter la belle histoire de ce département, et non pas un drame républicain. Ce paradoxe est un coup de canif porté à la cohésion républicaine. Alors que la fracture territoriale est plus que jamais au coeur du débat démocratique, les habitants de la Seine-Saint-Denis font un constat lucide et simple : le compte n'y est pas tout à fait.

Madame et messieurs les membres du Gouvernement, ce qui ressort de ce rapport n'est ni de votre fait, ni de celui du gouvernement auquel vous appartenez : c'est le résultat de plusieurs décennies de politiques inefficaces et parfois mal comprises. Aujourd'hui, toutefois, c'est légitimement vers vous que, dans ce département, se tournent les attentes.

Il y a deux ans, c'est dans ce territoire de France que le Président de la République a annoncé sa candidature : il en avait bien repéré les atouts et les lignes de force, tout en mesurant les obstacles et la déception.

Au coeur du travail quotidien que j'effectue avec mes collègues de la majorité et, par-delà les clivages, avec tous les parlementaires de la Seine-Saint-Denis, il y a l'engagement de porter la voix de nos concitoyens, qui exprime non seulement l'espérance mais aussi une colère sourde contre l'injustice, ancienne, qui voudrait qu'avoir grandi dans le 9-3 assignerait à résidence derrière les barbelés invisibles du périphérique.

Mon engagement consiste également à relayer devant notre assemblée cette question posée par les citoyens de ma circonscription et, au-delà, par ceux de tout le département : « Monsieur le député, cinquante ans et voilà le résultat : qu'allez-vous faire, vous ? » Aujourd'hui, il ne s'agit pas de dire que rien n'a été fait. Les milliards investis notamment dans la rénovation urbaine et l'éducation me contrediraient. Il ne s'agit pas non plus de singulariser la Seine-Saint-Denis, alors que nombre des problématiques que j'ai évoquées se rencontrent dans d'autres territoires ruraux et urbains, de métropole et d'outre-mer.

Une des premières mesures du quinquennat a été le dédoublement des classes en zones REP et REP + : une réussite. Le plan Santé, le plan Pauvreté, la police de sécurité du quotidien, les emplois francs, la loi ELAN, le doublement du budget de l'ANRU et bien d'autres plans et lois adoptés et prévus par notre majorité sont destinés à résoudre les problèmes de ce département et de bien d'autres territoires du pays.

Face à ces défis, nous avons, plus que jamais, une obligation d'efficacité et de résultat. Cette promesse, nous la devons à nos concitoyens ainsi qu'aux générations futures : c'est une lourde tâche, mais une tâche exaltante qui, je sais, nous unit tous ici. Notre jeunesse, nos seniors, nos associations, nos entreprises, nos services déconcentrés et nos citoyens engagés constituent un vivier exceptionnel de ressources et de potentiels. Il faudra compter avec eux et travailler pour eux.

Si on veut conclure par une belle histoire de la Seine-Saint-Denis, ce n'est pas en promettant monts et merveilles mais en écrivant le présent et le futur de ce territoire, comme de tous les autres départements, à l'encre de l'égalité républicaine et au stylo de l'équité territoriale. Notre majorité s'y attelle sans aveuglement.

Ce n'est pas en recourant à la démagogie ou en instrumentalisant la situation que nous pourrons dégager des solutions. C'est en étant exigeants et en faisant preuve de volonté. Notre majorité, qui soutient le Gouvernement, pourra alors continuer de travailler d'arrache-pied à ce que l'histoire des Séquano-dyonisiens se termine par ces quatre mots : « Et ils vécurent heureux ! ».

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