Intervention de Julien Denormandie

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 21h30
Débat sur l'action de l'État dans l'exercice de ses missions régaliennes en seine-saint-denis

Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement :

… que nous devons prendre en considération. Ils se sentent les laissés-pour-compte de la République. Relever ce défi, tel est le véritable enjeu.

Les entreprises leur paraissent former un monde hostile, qui les rejette en raison d'une discrimination qui persiste ô combien fortement dans notre pays. Jamais vous ne trouverez dans mes propos la volonté de relativiser le constat sévère établi par le rapport, parce que, comme un grand nombre d'entre vous l'ont dit, il traduit la situation réelle dans laquelle se trouve ce département de la République française.

Si le sentiment d'abandon est réel et légitime, il est également important de rappeler – vous le faites – que la République n'a pas abandonné la Seine-Saint-Denis, notamment ses quartiers. Je pense aux fonctionnaires de l'éducation nationale, aux fonctionnaires de police, aux fonctionnaires de santé ou encore de justice qui, tous les jours, dans ces territoires difficiles, oeuvrent au profit de nos concitoyens : je tiens à leur rendre hommage. Je pense également aux élus locaux, aux parlementaires que vous êtes, ou aux associations : tous, eux aussi, oeuvrent, tous les jours, dans ces territoires. Il y ont d'autant plus de mérite que la situation y est beaucoup plus difficile que dans de nombreux autres territoires de la République.

Toutefois, ni le respect, ni la considération, ni le constat partagé que j'ai évoqué ne sont suffisants. La question principale qui nous rassemble ce soir est à la fois simple et complexe : que faisons-nous maintenant ? Vous l'avez souligné : la situation actuelle ne date pas de vingt mois. La responsabilité en revient aux politiques menées depuis plusieurs décennies. Que faire désormais pour réparer ces fractures qui perdurent au sein de ce département ?

Ma première conviction est qu'il n'y a aucune fatalité. La Seine-Saint-Denis – Mme Autain l'a rappelé – a de nombreux atouts. C'est un des départements les plus jeunes de France. Le taux de création d'entreprises y est un des plus élevés de France et il n'est pas vrai, contrairement à ce qu'on entend trop souvent, qu'elles disparaissent en Seine-Saint-Denis plus rapidement que dans les autres départements. Les statistiques prouvent que les entreprises de Seine-Saint-Denis ont la même espérance de vie sur un an que celles qui se sont créées ailleurs.

Ce territoire compte deux aéroports de rang mondial, les sièges de grandes entreprises internationales s'y sont installées et le département est en croissance démographique : il sera le premier département d'Île-de-France, à l'exception de Paris, en 2020. De plus, les transports y connaîtront des mutations sans précédent – nous y reviendrons au cours du débat. Je ne saurais non plus oublier les programmations de rénovation urbaine – trente-quatre programmes sont lancés – et les événements à venir, tels que les Jeux olympiques.

L'enjeu décisif est celui de la cohésion territoriale. Comment rompre avec l'habitude de considérer ce département comme marqué par la fatalité ?

Ma deuxième conviction est que, si la politique que nous menons depuis vingt mois n'est pas parfaite, tant s'en faut, nous déployons toutefois une énergie et des moyens importants pour que la réussite républicaine, qui est au coeur des politiques de la ville et de cohésion territoriale que nous défendons, soit au rendez-vous en Seine-Saint-Denis. Des moyens sans précédents ont été alloués à l'éducation nationale – Jean-Michel Blanquer y reviendra. En septembre 2018, 18 500 élèves de Seine-Saint-Denis – je parle sous le contrôle du ministre – ont bénéficié du dédoublement des classes. Et je tiens à insister sur ce point : cette politique n'a pas été menée au détriment des autres territoires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.