Intervention de Sylvie Charrière

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 21h30
Débat sur l'action de l'État dans l'exercice de ses missions régaliennes en seine-saint-denis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Charrière :

Je ne reviendrai pas sur les nombreux atouts de la Seine-Saint-Denis : sa jeunesse, son potentiel économique, sa richesse culturelle. C'est tout le paradoxe de notre département : malgré ses forces, les images qui lui collent à la peau demeurent celles de l'échec scolaire, de la fragilité sociale ou encore de l'insécurité. Je crois profondément que ces images nuisent à l'attractivité de notre département et de fait à notre capacité de recruter des personnels hautement qualifiés. Selon moi, la problématique de la Seine-Saint-Denis ne se résume pas à un manque de moyens financiers. En effet, bien souvent les supports budgétaires existent mais les postes ne sont pas pourvus.

Notre département rencontre aujourd'hui de graves difficultés de recrutement dans tous les domaines d'activité, dans le public comme dans le privé. À mon sens, il rencontre trois difficultés principales en termes de ressources humaines. La première est cette faible attractivité.

La deuxième difficulté est celle de l'inexpérience des personnels affectés en Seine-

Saint-Denis, en particulier dans l'éducation nationale, que je connais bien. Trop souvent dans notre département, les postes sont attribués à des sortants de concours, inexpérimentés et pas suffisamment formés pour enseigner à un public avec des difficultés spécifiques. Ces postes sont également souvent occupés par des contractuels, qui, de fait, ne s'inscrivent pas dans la durée dans les établissements.

Cela mène à la dernière problématique, celle du turnover trop important. En effet, nous ne parvenons pas à fidéliser les agents assurant un service au public. Réussir en Seine-Saint-Denis, c'est parvenir à s'en aller. Cette situation est inacceptable puisque de fait nos institutions peinent à pérenniser leurs actions. Ce turnover important est la résultante de la faible attractivité et de l'inexpérience des personnes travaillant dans le département – il ne faut évidemment pas généraliser : on y trouve aussi de nombreux talents et des personnes très engagées au quotidien pour résoudre ces nombreuses difficultés, mais nous devons leur venir en aide.

Outre les missions régaliennes, nous aurions pu aborder d'autres problématiques sociales. Hier, lors du grand débat d'Evry, un élu a déclaré que nos territoires ont une spécificité : celle d'intégrer. Si la mixité sociale risque d'être difficile à instaurer à court terme, ne devrions-nous pas alors renforcer les moyens de l'État pour que cette mission d'intégration soit correctement assurée et mettre en place tous les dispositifs – primes, statuts – pour que tous les postes, enseignants, juges, mais aussi travailleurs sociaux, soient pourvus de manière pérenne et qualitative ?

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