« J'ai besoin que nos grandes entreprises, nos concitoyens les plus fortunés, aident la nation à réussir. Je les réunirai et prendrai des décisions en ce sens dès cette semaine. » C'est le Président de la République en personne qui le déclarait le lundi 10 décembre, en pleine crise des gilets jaunes. Et j'étais intéressé. J'étais curieux de connaître ses décisions. Cette semaine-là, je sillonnais les routes de France, écoutant en boucle France Info : rien le mardi, mais c'était un peu tôt… Mercredi, ça allait venir... Jeudi, rien pour l'instant... Vendredi, aucune nouvelle... D'où la première de mes deux questions, monsieur le ministre : cette réunion avec les grandes entreprises et les plus fortunés s'est-elle bien tenue, et les décisions promises par Emmanuel Macron en sont-elles bien sorties ? Je n'ai rien vu, les Français non plus, mais on sait qu'en matière de communication, le Président de la République aime la discrétion…
Dans cette même allocution, le Président annonçait encore : « Le Gouvernement et le Parlement devront aller plus loin pour mettre fin aux avantages indus et aux évasions fiscales. » Cela m'intéressait davantage encore, car jusqu'alors, l'évasion fiscale était un tabou pour l'ancien banquier d'affaires, l'ami de Xavier Niel et de Bernard Arnault, des habitués des paradis fiscaux. Mais j'ai regardé le calendrier parlementaire de cette année : j'y vois un projet de loi relatif à la justice, un autre relatif à la réforme de la fonction publique, un autre pour une école de la confiance, un autre relatif à la surtransposition dans l'Union européenne, une révision constitutionnelle… Dix-neuf projets de loi dans les tuyaux, mais aucun sur l'évasion fiscale ! D'où ma seconde question : quand arrive ce texte promis par le Président de la République sur les avantages indus des dirigeants et les évasions fiscales ?