Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2019 à 9h30
Rétablissement de l'isf et renforcement de la progressivité de l'impôt sur le revenu — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

… celles qui passent par loi, par le débat. Nous sommes à cet instant-là de notre histoire . Cessez de favoriser toujours les mêmes ! Ayez un peu de compassion, de compréhension pour les souffrances d'un très grand nombre de nos compatriotes !

Le refus de l'impôt sur la fortune repose sur une thèse économique selon quoi l'argent qui ne serait pas prélevé serait injecté dans la production. Elle est absolument fausse ! Tous les chiffres dont nous disposons la contredisent. Le produit de la suppression de l'impôt sur la fortune ou l'augmentation de l'accumulation du capital, quel qu'en soit le moyen – notamment, cette année, à travers une pluie de dividendes de 57 milliards d'euros pour les entreprises du CAC 40 – ne se retrouve pas dans l'investissement. Si vous voulez qu'il en soit différemment, taxez les bénéfices distribués en dividendes bien plus que ceux qui sont réinvestis dans les entreprises en machines, en outils et en personnels ! Or, vous le ne faites pas, donc, vous n'êtes pas crédibles et vous ne pouvez pas espérer un ruissellement.

Toute la mécanique du capitalisme financier actuel montre que l'accumulation du capital et sa rentabilité sont plus grandes dans la sphère financière que dans les échanges économiques réels. C'est pourquoi, sur le plan mondial, ces derniers sont 4 000 fois moindres en valeur réelle, en objets réels, que dans la sphère financière. Voilà la leçon du capitalisme de notre époque !

La vieille thèse fiscale que vous développez, selon quoi le capital travaillerait, ne tient pas. Le capital n'a jamais travaillé ; seul le travail produit de la richesse. Non, il n'est pas nécessaire d'avoir du capital pour démarrer l'investissement. Pas du tout ! L'emprunt y suffit largement. La preuve, c'est que le banquier central n'a cessé de déverser de l'argent sur les banques privées avec l'espoir qu'elles réinvestissent : 2 800 milliards d'euros donnés par le banquier central aux banques privées pour qu'elles réinvestissent et dont nous n'avons pas vu un euro dans la production réelle, depuis deux ans !

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