Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mercredi 13 mars 2019 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Des voix, de partout, vous objurguent. Aéroports de Paris est une entreprise publique qui marche bien, qui fait des bénéfices, qui investit. Franchement, gardez-la !

On vous écoute, on écoute vos arguments. Mon Dieu, qu'ils sont faiblards ! Qu'ils sont rabougris ! Vous nous dites, monsieur le ministre, que le rôle de l'État n'est pas de gérer les dividendes. Quelle formidable logique : quand ça rapporte, vendons ! Vous nous dites que ce n'est pas à l'État de gérer les boutiques de duty-free. Mais alors, débarrassez-vous de la filiale commerciale et conservez la frontière ! Vous nous dites que la moitié du produit de la vente servira à rembourser la dette. Or, 5 milliards d'euros sur 2 300 milliards, cela représente 0,2 % de la dette publique. On mesure l'urgence et l'enjeu !

On ne comprend plus. Aussi, le soupçon se fait jour. Le sénateur socialiste Martial Bourquin vous pose la question : « Est-ce qu'après Nantes, il faut satisfaire Vinci à Paris ? On s'interroge. » Par Canard enchaîné interposé, le président répond : non, ce serait trop gros, trop voyant, trop cousu de fil blanc. Je vous ai demandé – et je maintiens ma demande – d'instaurer un registre des lobbies à l'entrée de l'Élysée, que chaque visiteur du soir, du midi ou du matin signerait et qui serait consultable par tous les citoyens. Derrière les décisions, on doit pouvoir mesurer les influences.

Mais je crois qu'il faut aller au-delà – au-delà de livrer des prébendes à la bande, au-delà de distribuer les beaux morceaux de la France à la finance. Autour de cette privatisation d'Aéroports de Paris, il règne aujourd'hui une telle confusion… On nous dit que ce n'est plus une privatisation, que c'est seulement une concession de soixante-dix ans, et d'ailleurs que l'État gardera des parts… Je pense que vous-mêmes, vous ne comprenez plus pourquoi il faut privatiser Aéroports de Paris.

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