Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2019 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 44 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth :

L'objectif est louable, puisque diminuer la dette est nécessaire. Toutefois, montrer un tel activisme politique pour réduire de 10 milliards une dette qui dépasse les 2 000 milliards n'aboutit pas à grand-chose ! Cela revient à vider la mer avec une petite cuiller. Même si je ne le sous-estime pas, ce ne saurait être l'objectif principal.

Le second objectif, c'est de financer votre fonds de rupture. Des collègues siégeant sur tous les bancs de l'hémicycle se sont exprimés sur le sujet, en, recourant à des arguments très différents qu'il ne s'agit pas de confondre, pas plus qu'il ne s'agit de confondre les prises de position des groupes politiques, même en cas de convergence. Ce désengagement d'ADP pendant les soixante-dix prochaines années répond-il à l'objectif de financer une innovation de rupture technologique à travers des start-up dites de « deep tech » ? Par opposition, vous et votre majorité employez souvent le terme « rente », pour dénoncer les situations de rente, alors que l'État n'est pas un rentier en tant que tel.

Lorsque l'État touche des dividendes d'ADP ou d'autres structures, il est rentier s'il veut bien l'être, c'est-à-dire si en réalité il ne fait rien de cet argent et s'il se contente de rester assis sur un tas d'or qu'il ne fait pas prospérer. Toucher des dividendes ne fait donc pas d'un État un rentier : il utilise en effet ces dividendes pour financer les services publics. Je n'avais pas compris que, dans la crise politique actuelle, financer les services publics revenait à adopter une démarche de rentier. Je ne le crois pas. Ce n'est donc pas une question de rente ou de rentier.

Lorsque nous vous faisons valoir que vous pourriez utiliser directement les dividendes issus d'ADP, et plus modestement ceux issus de La Française des jeux, ou encore la fiscalité qui s'attache à celle-ci, pour investir dans votre fonds pour l'innovation de rupture, vous nous opposez la volatilité.

Si lesdits dividendes sont sans doute sujets à cette volatilité, je vous fais simplement remarquer qu'à long terme les actions s'avèrent moins volatiles que les obligations. Je vous fais également remarquer que vous avez choisi des taux d'actualisation : lorsque l'on a privatisé, ou plutôt concédé, les autoroutes, c'était sans doute une affaire de prix et de tarifs, dont nous n'avons pas suffisamment contrôlé l'évolution, mais c'était tout de même, aussi, une affaire de taux d'actualisation.

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