Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du vendredi 15 mars 2019 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 61

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Si l'on se réfère à ce que M. Lescure nous a expliqué tout à l'heure, il est quasiment révolutionnaire de penser qu'une entreprise n'a pas pour seul objectif l'intérêt de ses associés. Dans ce domaine, l'évolution introduite par le projet de loi sur le statut des entreprises va dans le bon sens. Elle est d'autant plus nécessaire que la mondialisation capitaliste pèse non seulement sur les sociétés financiarisées mais aussi sur les entreprises sous-traitantes. Pour les salariés des premières comme des secondes, tout va de plus en plus mal en raison d'un management agressif inédit, les entreprises ne connaissant plus qu'un seul étalon : la rente capitaliste.

Tout à l'heure, quand M. Bonnell s'est exprimé, je ne suis pas intervenu dans le débat, mais l'entendre dire qu'il faut nuancer le libéralisme et critiquer la maximalisation de la finance – alors que la majorité vient de privatiser ADP, la FDJ et Engie et qu'en un an et demi, elle a cassé le code du travail et dérégulé à tout va – me semble pour le moins croquignolesque.

Néanmoins, puisqu'il faut prendre vos propositions au sérieux, nous vous proposons un amendement tendant à intégrer le fait que l'entreprise, loin d'être réductible à l'intérêt des actionnaires, est avant tout un collectif humain, qu'elle traduit une vision humaniste et possède un objet social. Les premières personnes dont elle doit défendre les intérêts, sont ceux qui, s'ils s'arrêtaient de travailler, l'empêcheraient d'exister : ses salariés, qui produisent ses richesses, ou ses sous-traitants, souvent pressurés.

À en croire M. Lescure, l'article permettrait que s'exerce un principe plus vertueux malgré la concurrence entre les entreprises. Je m'inscris en faux contre cette idée. Dans toutes les lois que vous avez votées, le moins-disant social représente l'étalon qu'adoptent toutes les entreprises, y compris celles qui voulaient au départ être vertueuses.

Nous proposons que travailleurs, sous-traitants, usagers et actionnaires soient pris en considération non seulement dans l'intérêt de l'entreprise, mais plus largement dans une dimension écologique et sociale respectant l'environnement, ainsi que l'équilibre social et territorial de la collectivité humaine dans laquelle l'entreprise est insérée.

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