Intervention de Rémi Chabrillat

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 11h05
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Rémi Chabrillat, directeur des productions et énergies durables de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) :

Merci de nous recevoir de nouveau, puisque nous avons déjà eu l'occasion de participer aux réflexions initiales et à quelques tables rondes. Aujourd'hui, nous avons choisi de moins parler des freins pour nous concentrer sur ce sur quoi nous pouvons et voulons aller. L'ADEME a déjà cherché à répondre à la question au travers de plusieurs exercices prospectifs que certains d'entre vous ont sans doute vus. Il s'agit d'études de vision que nous avons publiées en 2013, actualisées en 2017 et à la réactualisation desquelles nous nous apprêtons à travailler pour 2020, car le sujet est évolutif et itératif. Je vous ai remis une présentation succincte, je tiens à votre disposition des exemplaires de la synthèse des visions, qui sont aussi disponibles sur internet. Ce sont des travaux internes à l'ADEME, fondés sur des réflexions prospectives de nos équipes et enrichis progressivement par une série d'études structurantes dont certaines ont été citées en creux. L'une, réalisée avec GRDG, porte sur un mix électrique 100 % renouvelable, une autre sur un mix gaz très fortement renouvelable.

Je relèverai des convergences avec les scénarios un peu ambitieux et prospectifs qui ont été cités par les deux intervenants précédents, et je les en remercie, à savoir la maîtrise des consommations et le rythme de développement des solutions alternatives aux énergies fossiles que sont les renouvelables.

La première page de notre présentation montre « les résultats en un clin d'oeil » de notre étude actualisée en 2017. Ce travail a été fait avec des perspectives ambitieuses, notamment sur toutes les technologies que nous avons imaginées, de notre point de vue, réalistes. En prenant en compte le rythme de l'évolution et les modalités du financement, nous aboutissons à des scénarios de nature à contribuer à une situation économique plus favorable, en termes de PIB, à l'horizon 2030-2050. Lors du premier exercice, nous avions un seul et unique attendu : la division par quatre des émissions de gaz à effet de serre. Pour le reste, nous avons cherché à voir comment agir à partir de ce que l'on connaît, à partir de ce que l'on anticipe, à partir des technologies accessibles et envisageables aujourd'hui disponibles à moyen et court terme. Nous avons cherché à éviter les effets magiques.

Dans ces conditions, la perspective d'évolution des consommations par rapport à une base 2010 et en reprenant les hypothèses de croissance et d'évolution de la population de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) est de moins 29 % en 2035 et de moins 45 % en 2050.

La part de la demande finale d'origine renouvelable, qui était de 10 % en 2010, pourrait être, suivant des hypothèses portant essentiellement sur un mix électrique, de 34 % à 41 % en 2035 et de 46 % à 69 % en 2050.

En termes d'émissions de CO2, compte tenu des hypothèses mentionnées, nous avons du mal à obtenir la division par quatre des émissions, puisque nous serions plutôt à 72 % de baisse qu'à 75 %.

Concernant les grandes hypothèses pour la demande d'énergie, nous avons retenu un effort important de la rénovation dans le bâtiment : 500 000 puis 750 000 rénovations thermiques en moyenne par an dans le résidentiel, des équipements de chauffage performants et la généralisation des équipements électroménagers les plus performants. C'est un sujet que tout le monde voit, et ces objectifs ont été repris.

Nous avons élaboré des visions en 2013, en raison de l'organisation du premier débat national sur la transition énergétique, et nous les avons réactualisées en 2017 pour alimenter la préparation de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Entre-temps, nous avions contribué à l'élaboration de la loi de transition énergétique. Les grandes masses se retrouvent et sont cohérentes, notamment l'objectif de rénovation qui est aujourd'hui le plus compliqué. C'est celui sur lequel nous avons du mal à démarrer, même si un certain nombre de mesures déployées depuis quelques mois vont dans ce sens et rejoignent ce qu'a évoqué notre collègue de l'association négaWatt : tiers financement, coût zéro pour le consommateur ou l'usager. L'idée des travaux à un euro va dans ce sens.

En matière de transports, nous avons retenu une amélioration des motorisations et la pénétration progressive de nouvelles motorisations. Je laisserai mon collègue Jérôme Mousset s'exprimer sur ce sujet, puisque vous souhaitez un focus sur les déplacements, voire sur les biocarburants. Nous prenons aussi en compte la possibilité évoquée tout à l'heure d'une évolution des choix d'aménagement et d'urbanisme, visant une recentralisation sur la ville et l'inversion de la tendance à l'étalement urbain qui pose des problèmes, y compris en termes de consommation d'espaces agricoles dont nous avons besoin pour faire tout ce que nous envisageons avec la biomasse dans les domaines de l'énergie, des matériaux et de la chimie.

Dans l'industrie, nous avons maintenu des hypothèses de croissance de la production physique et des gains d'efficacité énergétique. Nous savons qu'il existe des gisements conséquents d'efficacité énergétique dans l'industrie, même si celle-ci a déjà fait des progrès de ce point de vue, sans oublier le développement de l'économie circulaire, le recyclage des matières.

Concernant l'agriculture, nous avons retenu la réduction des pertes, l'évolution des pratiques agricoles vers des modes intégrés et raisonnés.

Nous soulignons la nécessité d'un engagement rapide de la transition, en particulier dans les transports.

Dans les hypothèses, nous avons prévu que certains leviers à long terme seraient saturés. À un moment donné, nous ne pourrons pas prélever plus de biomasse.

Nous avons présenté une répartition des mix en termes de sources envisagées. À noter, la part croissante prise par l'électricité, mais dans un contexte de baisse globale des consommations, de sorte que la production resterait à peu près identique.

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