Intervention de Justine Benin

Séance en hémicycle du mardi 2 avril 2019 à 15h00
Débat sur la transition écologique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJustine Benin :

Le débat de ce jour est inédit. Il exige du réalisme et du courage politique pour prendre en compte les mutations de notre société, courage qui doit nous conduire à abandonner nos zones de confort, à rénover et à imaginer.

Le grand débat national voulu par le Président de la République a permis de restaurer le dialogue. C'est la première pierre qui permettra de réconcilier ces deux France aujourd'hui fracturées.

L'outre-mer est resté en dehors de la mobilisation sociale, exception faite de la Réunion, mais il serait malvenu d'en tirer des conclusions hâtives. Une conférence tenue le samedi 30 mars en Guadeloupe a mis en évidence le décalage, dans le vécu de la crise et les solutions souhaitées, entre l'Hexagone et les outre-mer.

Aux yeux de tous en Guadeloupe, des préoccupations majeures persistent : la mobilité, un chômage structurel de plus de 20 %, des prix à la consommation plus élevés, le défi démographique, l'exode de notre jeunesse, mais surtout la crise sanitaire du CHU, les difficultés de gestion des algues sargasses, et la question cruciale de la pollution au chlordécone de nos terres de Guadeloupe et de Martinique pour près de 500 ans.

Que faut-il comprendre ? L'alerte avait déjà été donnée en 2009 en Guadeloupe, à la Martinique, à la Guyane, avec une mobilisation sociale sans précédent. La signature des accords après les états généraux, le Livre bleu après les assises des outre-mer, autant d'initiatives qui ont soulevé une vague d'espoir et qui devaient se traduire en politiques publiques de rattrapage.

Où en sommes-nous aujourd'hui ? Il faut s'interroger. Les doléances recueillies ont-elles traduit les véritables aspirations de nos populations ? Comment faire participer celles des outre-mer à l'écriture des pages de leur destin ? La logique de rattrapage dans laquelle nous nous sommes enfermés n'a-t-elle pas atteint ses limites ? À toutes ces questions sociales et économiques, s'ajoutent les risques environnementaux.

Les cyclones, les tremblements de terre, les tempêtes, mais aussi la pollution des algues sargasses et du chlordécone sont le lot commun des Antilles et, s'agissant des cyclones et des tempêtes, celui de toutes les îles de la Caraïbe. Et c'est sans parler de la montée des eaux, qui menace la biodiversité de nos territoires.

Chers collègues, nous avons tous conscience que l'effort écologique doit être collectif. Par conséquent, le grand défi de notre temps est bien celui de la transition écologique et solidaire. Cela nous impose certaines obligations.

Des obligations de solidarité envers les plus vulnérables. À tout un chacun de s'engager, en fonction de ses moyens, sans avoir à consentir un effort incommensurable sur son pouvoir d'achat et sa capacité à vivre dignement.

Des obligations de solidarité envers les territoires : un engagement des territoires les plus prospères, les mieux dotés et – n'ayons pas peur des mots – les plus riches, vis-à-vis de ceux qui ont le moins, que ce soit dans la France rurale ou dans celle des outre-mer, une nouvelle gouvernance et une simplification institutionnelle, pour que la décision politique se prenne au plus près des besoins de chaque territoire, notamment dans les domaines de la protection de l'environnement et de la biodiversité, ou encore dans la prévention des risques naturels. Chacun se plaît à évoquer le droit à la différenciation, mais cette idée ne doit pas rester un symbole, une pétition de principe.

Enfin, des obligations de solidarité entre les générations, car nous ne pouvons transmettre à nos enfants un monde voué à sa perte.

Notre nation doit aujourd'hui se retrouver autour de ces principes de solidarité, de justice et d'écologie.

Antoine de Saint-Exupéry a dit : « Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants. » Tâchons d'être à la hauteur de ce que nos enfants nous ont prêté et soyons non seulement à la hauteur, mais au rendez-vous de notre histoire.

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