Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du mardi 7 mai 2019 à 15h00
Jeunes majeurs vulnérables — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Je vous remercie de m'attribuer cinq minutes.

Ce débat tombe à pic : il va nous permettre de faire le point sur ce que nous pensions acquis. L'immense majorité d'entre nous pense que tout cela fonctionne bien. Pourtant, depuis quelques mois, pour ne pas dire quelques années, j'ai le sentiment que cela ne fonctionne pas aussi bien que cela.

Pour commencer, je voudrais parler des placements, notamment des placements d'office : c'est là que tout commence. J'ai déclenché une tornade sur les réseaux sociaux parce que j'ai fait état de mon doute concernant les pratiques utilisées pour ces placements d'office. Or, depuis, on a porté à ma connaissance plusieurs cas qui posent question. Qu'est-ce qui peut justifier qu'une armada de spécialistes veuille arracher un bébé à la maman qui vient de le mettre au monde ? Qu'est-ce qui peut justifier que, si elle alerte des amis sur les réseaux sociaux, ces mêmes personnes attendent sa sortie de la maternité pour s'emparer immédiatement de son enfant ? Oh, ce n'est pas que j'ignore que des enfants subissent de mauvais traitements ; celles et ceux qui en ont été victimes les ont décrits avec tant de justesse ! Nous en connaissons tous des exemples, et c'est un bonheur que de voir la force publique, la République, les prendre en charge. Néanmoins, je crois que cette proposition de loi devrait aboutir à une mise à plat de l'approche de cette dernière en la matière.

Avant d'en venir au contenu du texte, je veux insister encore une fois sur la nécessité de nous demander si nous nous donnons aujourd'hui les moyens de contrôler les placements d'office, qui engendrent, eux aussi, bien des malheurs. Dans ces familles brisées par la violence des temps modernes, cette violence qui s'infiltre partout et qui déchire tout le monde, à commencer par les plus fragiles, on peut voir des mamans vivre des expériences difficiles et douloureuses. Mais elles peuvent refaire leur vie. Pourquoi s'acharner sur elles, comme si le fait de mettre un enfant au monde était une faute qu'elles devaient impérativement expier ?

Je voudrais maintenant en venir au texte qui nous réunit – il est bon de parler des deux choses en même temps. Toute cette jeunesse pose un grand problème pour notre avenir, car ces enfants sont tout de même les nôtres. Je ne sais pas quand nous prendrons conscience du fait qu'il ne sert à rien de parler des heures et des heures si nous n'injectons pas de l'argent dans le domaine public. Tant que nous ne l'aurons pas compris, tout ce que nous pourrons faire ne servira à rien. Nous disserterons, nous contentant de prendre des mesurettes – et le malheur continuera de frapper.

À plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion de vous faire part de mes idées sur la direction à emprunter ; je ne suis d'ailleurs pas le seul à l'avoir fait. Force est de constater que ce n'est pas l'option qui a été retenue. Quand donc allons-nous ouvrir les yeux ?

Quant à ceux qui sont placés, les laisser tomber à 18 ans, c'est pire que tout. Ils n'ont pas acquis d'expérience, ne possèdent aucune formation. Restreindre leur accès aux centres de formation, plus traditionnels que les lycées et peut-être mieux adaptés à leur cas, n'est pas une bonne chose. Que l'on ne trouve plus de maîtres d'apprentissage, parce que ceux-ci n'ont pas les moyens de payer un apprenti, vu qu'ils n'ont même pas les moyens de se payer eux-mêmes, fait aussi problème. J'ai déposé quatre amendements en vue d'y remédier.

Pour conclure, il faudrait que nous mettions tout à plat et que nous revenions sur un certain nombre de certitudes. Rien n'est acquis dans le contexte de misère qui s'est emparé de notre pays et frappe les plus faibles d'entre nous.

Tous ces jeunes sont aujourd'hui lâchés dans la nature, alors que j'ai connu des centres, tels les PEP, les Pupilles de l'enseignement public, qui accueillaient il y a quinze ans encore des jeunes et ne les lâchaient pas tant qu'ils n'avaient pas de situation…

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