Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 13 mai 2019 à 16h00
Représentants au parlement européen élus aux élections de 2019 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

La grande coalition, c'est la fin de la démocratie politique. Si, après s'être engueulés, on arrive dans une assemblée où tout le monde est d'accord pour désigner le même président, c'est qu'on s'est moqué des électeurs, et c'est ce qui est en train de se préparer : la grande coalition quadripartite sur laquelle on a cru bon d'interroger Yannick Jadot. M. Séjourné, qui dirige la campagne européenne de la liste La République en marche, je le répète, a bien voulu admettre que c'était l'un de ses objectifs politiques – et je le comprends parfaitement parce que, d'une certaine manière, La République en marche et le Gouvernement, c'est déjà la grande coalition, dont certains, ici, ne sont plus que les restes. Et bientôt, les derniers dégoûtants feront la trajectoire qui leur reste à faire ; et les derniers dégoûtés iront remâcher leur nostalgie.

Nous n'avons aucune autre occasion que celle-ci de nous exprimer contre cela. Nous a-t-on demandé notre avis sur le Brexit ? Si une proposition de résolution n'avait pas été présentée, nous n'aurions pas parlé une seule seconde, ici, au parlement français, du contenu du Brexit. Pas une seconde !

Je n'en suis plus, maintenant, aux compliments du début de mon intervention. Le Président de la République avait pris l'engagement que plus jamais on ne négocierait dans les conditions dans lesquelles on l'a fait pour l'Accord économique et commercial global, le CETA ; une négociation, vous vous en souvenez, qui s'est déroulée dans une opacité absolue et insupportable. Le Président avait donc dit : « Plus jamais ça ! », mais il a fait partie de ceux qui ont levé la main, au Conseil européen, pour que, dorénavant, plus aucun accord de libre-échange ne soit examiné par les représentations nationales, seul le Parlement européen devant avoir le droit de voter en la matière.

Aussi, si nous n'en discutons plus, ce n'est pas par je ne sais quelle obscure fatalité, mais c'est parce que la décision politique en a été prise. C'est de cette manière-là qu'on tue l'Europe, l'idée européenne. Petit à petit, devant tout le monde, on construit un édifice en disant : « Cause toujours, tu m'intéresses » ; ou alors : « Décidez ce que vous voulez, votez ce que vous voulez, de toute façon, nous ferons ce que nous voulons et, de toute façon, nous sommes tous d'accord pour faire autre chose que ce que vous voulez. » Si vous faites la grande coalition, eh bien, vous poignarderez un peu plus l'idée européenne. Si vous faites la grande coalition, peu importe le nombre de députés que nous allons élire puisque ce seront, pour une bonne partie d'entre eux, des menteurs et des usurpateurs.

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