Intervention de Pascal Prunet

Réunion du jeudi 23 mai 2019 à 9h40
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pascal Prunet, architecte en chef des monuments historiques, membre de l'équipe de maîtrise d'oeuvre de Notre-Dame de Paris :

– Entre soixante-dix et quatre-vingts compagnons sont en permanence sur le site depuis l'incendie et, j'ai oublié de le dire, ils sont engagés de manière extraordinaire dans cette mission, qui constitue une forme de sacerdoce !

Les spécialistes du laboratoire de la préfecture de police sont présents en parallèle, mais de manière discrète ; ce sont eux qui filtrent en premier les différents éléments qui sortent des décombres et il n'y a pas de gêne particulière entre nos équipes. Tous ces éléments doivent être inventoriés à la fois par le laboratoire de la préfecture de police et par nous. À ce stade, nous réalisons plutôt un pré-tri : des photographies précises sont prises en l'état, puis, comme la nef n'est pas un lieu sûr, des robots ramènent progressivement les éléments, qui sont ensuite déposés sur des palettes. La police a ses propres moyens d'investigation et elle travaille de manière relativement confidentielle.

Nous sommes parfois en interaction lorsque nous avons des intérêts communs, par exemple en ce qui concerne l'altération des bois, et il n'y a pas de problème particulier.

Parmi les sujets qui peuvent apparaître comme communs, je pourrais citer la question du plomb, élément très présent à Notre-Dame, notamment pour la couverture. L'altération du plomb, c'est-à-dire la création d'oxyde de plomb ou céruse, est une question qui se pose fréquemment sur les chantiers de restauration ou de réhabilitation, elle touche la santé de ceux qui travaillent sur ces chantiers. Ainsi, nous devons mettre en place des procédures de sécurité qui ne facilitent pas les choses, mais qui sont nécessaires étant donné les risques de contamination. Il faut savoir que ce qu'on appelle un aérosol, qui est en fait un ensemble de particules de métal de petite taille en suspension dans l'air, est hautement inflammable et peut dans certaines conditions contribuer à des phénomènes d'explosion. Il n'est pas impossible que ces oxydes de plomb aient pu intervenir dans le développement de l'incendie. Le vieillissement des monuments peut évidemment jouer un rôle dans des événements tels que ceux que nous avons connus.

Ensuite, j'imagine que le laboratoire central de la préfecture de police continuera de travailler sur le bâtiment, lorsque nous aurons dégagé un certain nombre d'éléments, en particulier au niveau des voûtes.

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