Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 3 juin 2019 à 21h30
Mobilités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

… au centre historique.

Mais progrès technologique et innovation ne riment pas toujours avec justice. Je pense à la concurrence farouche et déloyale entre auto-écoles classiques et plateformes en ligne. Comment les premières vont-elles résister quand les secondes bénéficient de bien plus de souplesse et doivent s'acquitter de bien moins de charges ? Je m'interroge : le marché doit-il devenir une jungle livrée à la voracité de quelques-uns ?

Injustice pour nos provinces aussi. Ne vous en déplaise, les Français ont le droit de travailler, de vivre, d'exister en dehors des métropoles ! Pour cela, il vous faut réellement prendre en considération les besoins et spécificités de nos villes, notamment les villes moyennes. Peut mieux faire !

Afin d'inciter les salariés à prendre leur vélo ou à se rendre à leur travail en covoiturage, et donc moins polluer, vous avez prévu à l'article 26 une « prime mobilité » de 400 euros par an, sur laquelle l'employeur ne verserait aucune cotisation sociale. Cette aide facultative, certains la souhaiteraient obligatoire mais qui va payer ? Une nouvelle fois, ce sont nos TPE et PME, déjà bien souvent assommées par le poids des taxes et des impôts.

Vous avez également imaginé réserver certaines voies de circulation au covoiturage et aux véhicules à faible émission de gaz polluants, avec, à la clef, toujours plus d'inégalité entre ceux qui pourront changer de voiture et les autres.

Le volet « sécurité routière » de votre projet de loi ne va pas assez loin. J'espère que les propositions que je ferai sur ce sujet rencontreront une écoute attentive et bienveillante. Je pense par exemple à la reconnaissance de l'usage des médicaments de catégorie 3 comme circonstance aggravante d'un homicide volontaire, ou à l'incitation, dans un but préventif, à partir de 14 ans à participer, sur la base du volontariat, à une demi-journée de stage dans un centre de rééducation pour accidentés de la route.

Plus étonnant, lorsqu'il s'agit de projets qui pourraient réellement faciliter la circulation du quotidien, vous hésitez, vous tergiversez. Depuis des mois, nous sommes nombreux à appeler ici votre attention sur la nécessaire construction de la ligne nouvelle Montpellier-Béziers-Perpignan le dernier tronçon qui manque à la ligne Séville-Amsterdam pour être complète. Ce tronçon, pour vous qui n'avez que le mot « Europe » à la bouche, c'est celui qui relie l'Europe du nord à l'Europe du sud ! Ce tronçon, c'est une solution écologique pour que le train prime sur une autoroute saturée. Ce tronçon est tracé ; il est financé – l'Union Européenne apporte son aide. Personne chez nous ne comprend donc pourquoi vous restez sourds, alors que ma région, les entreprises, les habitants, attendent cette ligne depuis déjà plus de trente ans. Aussi, quand vous parlez de compétitivité, de mobilité pour tous, croyez-moi, ces mots sonnent terriblement creux aux oreilles des Biterrois.

Pour conclure, vous me permettrez de souligner à quel point parler d'un tel projet de loi, si important, si vaste, en cinq minutes relève de la gageure. C'est pourtant ce à quoi la majorité astreint les députés non-inscrits et ce que vous souhaitez dorénavant imposer à l'ensemble des groupes.

Madame la ministre, vous qui affirmez vouloir « apporter des réponses à tous », puissiez-vous écouter vraiment l'ensemble des parlementaires de cet hémicycle et leurs propositions.

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