Intervention de Christophe Bouillon

Séance en hémicycle du vendredi 7 juin 2019 à 9h30
Mobilités — Après l'article 18

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bouillon :

Je voudrais abonder dans le sens de Mme la ministre. Il y avait un problème d'occupation du domaine public, que vous avez traité, ainsi que celui de la dangerosité liée à la vitesse. Pour le reste, regardons les choses d'un point de vue pratique. Ce dont nous parlons, c'est de l'utilisation décidée dans l'instant. Ce n'est pas comparable avec le cas des propriétaires de vélos, qui sont souvent équipés un casque. Rendre obligatoire le port du casque à trottinette risquerait de décourager nombre de personnes de choisir ce moyen de transport sur un coup de tête, comme alternative au métro ou à un autre moyen de transport en commun.

Nous sommes nombreux, dans l'hémicycle, à souhaiter une forme de report modal, c'est-à-dire le développement des moyens de transport alternatifs à la voiture. En voilà un qui, sans être nouveau, a récemment soulevé un certain nombre de questions. Vous y avez répondu s'agissant de la dangerosité ou de l'occupation du domaine public : là, il fallait réguler.

Mais permettez-moi une remarque, pour finir : à force de multiplier les obligations, à un tel niveau de détail, on risque une déresponsabilisation dans l'usage de la route, une sorte d'infantilisation qui fera que, demain, plus personne ne sera capable de prendre ses responsabilités. En voici un exemple tiré de mes souvenirs de maire : on voit de plus en plus de parents emmener leurs enfants à l'école en voiture, et même réclamer aux maires la construction de parkings à côté des écoles – ils ont inventé une sorte de school drive ! En faisant cela, ils empêchent leurs enfants de se rendre à l'école à pied ou en vélo – alors que la carte scolaire garantit, en principe, qu'elle se trouve à proximité. Ils empêchent par là même leur éducation à la voirie et à l'espace public, éducation qui fait qu'un cycliste, un piéton ou, demain, un utilisateur de trottinette fait attention sur la route, s'habitue par exemple à regarder avant de traverser.

À vouloir multiplier les dispositions, on risque de déresponsabiliser et d'infantiliser un nombre croissant de citoyens. Il faut à l'inverse aller dans le sens de l'éducation à la route et à la circulation. Ce n'est pas contradictoire avec le principe de sécurité, au contraire : cela contribuera à rendre la route plus sûre, en faisant en sorte que chacun prenne ses responsabilités.

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