Intervention de Patrick Mignola

Séance en hémicycle du mercredi 12 juin 2019 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Mignola :

Cet acte II sera celui de l'ambition pour le pays et de l'attention à chacun de ses citoyens, celui qui prépare l'avenir de ses enfants en le conjuguant au présent de ses habitants.

En 2017, les Français ont renversé la table pour élire le plus jeune Président de la Ve République, et ils lui ont donné une majorité, la nôtre, pour gouverner, car leur pays ne tenait plus ses promesses, car ses dirigeants ne tenaient pas les leurs. Percluse de renoncements et de reculades, victime de quinquennats qui durent deux ans, la France arrêtée dans un monde qui avance, la France immobilis in mobile, avait cessé de leur donner des chances, quels que soient leurs efforts pour les saisir.

Alors, monsieur le Premier ministre, vous qui, en effet, arriviez d'ailleurs mais partagiez avec nous le diagnostic, le projet et son urgence, vous avez avec votre Gouvernement, et nous avons avec la majorité, déployé toute l'énergie possible pour remettre le pays en mouvement. Avancer là où, trop souvent, on avait reculé, réformer quand on annonçait la réforme impossible, réparer ce qui pouvait l'être au plus vite et transformer pour ne plus avoir à réparer ensuite : vous vouliez, nous voulions, tenir tous les engagements du Président de la République parce que nous n'avions plus le droit de manquer à notre parole.

Nous avons obtenu des résultats concrets. Le chômage baisse, la croissance augmente, le gain de pouvoir d'achat paie aujourd'hui un demi-loyer et paiera, demain, un treizième mois pour tous les travailleurs de ce pays. Pourtant, les Français continuent, selon le titre provocateur d'Hervé Le Bras, de Se sentir mal dans une France qui va bien. C'est de notre faute, mais pas seulement de la nôtre. Une objectivité intellectuelle, même sommaire, aurait pu conduire l'oratrice qui m'a précédé à cette tribune à en convenir. Mais va, quand on est aux responsabilités, on assume même celle des autres ! Mais c'est bien notre responsabilité si les Français pensent que ce qui est accompli pour le pays ne se traduit pas assez vite, et pas pour tous dans leur quotidien. Portons-la donc, cette responsabilité, non pas comme un cilice, mais comme une aspiration à faire mieux et à faire avec eux.

Vous l'avez dit tout à l'heure, nous n'avons pas suffisamment comblé les failles sociales profondes et les inégalités que la mondialisation avait creusées entre ceux qui avaient su suivre et ceux qui n'avaient pas pu, ou parfois pas voulu, car ce monde leur était étranger dans un pays qui n'avait pas su les y préparer. Comme souvent en politique, la caricature facile est venue, celle d'un Président des riches alors qu'il ne l'était guère de naissance, celle d'un Président des métropoles alors qu'il n'en était guère d'origine. Les Français ont mis un maillot jaune et nous ont fait faire le Tour de France du grand débat : un grand peuple, un exercice démocratique inédit, à régulièrement réitérer ! Vous l'avez exprimé tout à l'heure, monsieur le Premier ministre, et nous devons vous savoir gré de cette humilité, si rare en politique, notre majorité était sûrement celle de la France mais pas assez celle des Français.

Alors oui, l'acte II sera celui des Français rassemblés. Au terme de l'acte I, le pays est debout ; à l'acte II, il doit marcher, et marcher ensemble. C'est d'ailleurs le titre de la pièce : En Marche ! Et c'est le groupe du Mouvement démocrate qui le signe !

Nous devons continuer à mettre en mouvement le corps politique et social, mais en réaffirmant, aux côtés des Français, l'horizon vers lequel nous avançons ensemble. Notre projet est celui d'une économie libérée mais régulée, au service d'un modèle social unique au monde et de l'immense défi environnemental que notre génération a la responsabilité de relever, une société du progrès partagé, qui corrige les excès du capitalisme mondialisé pour que le fruit du travail des petits ne soit plus capté principalement par les grands.

Nous n'acceptons pas que le salarié de l'industrie gagne mieux sa vie, mais enrichisse principalement l'actionnaire et finance des parachutes dorés, que l'ouvrier du bâtiment nourrisse plus sûrement le propriétaire foncier qui a vendu son terrain, que l'agriculteur se lève tous les jours pour survivre, mais fasse d'abord prospérer la grande distribution. Nous sommes favorables à l'économie ouverte et libre, car la France a beaucoup à y gagner, mais nous assumons de la réguler, car il n'y a aucun calcul de croissance qui vaille s'il ne tient pas compte de nos empreintes écologiques et de l'épanouissement humain. Nous voulons la croissance et le capital, mais la croissance verte et le capitalisme à visage humain !

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