Intervention de Boris Vallaud

Séance en hémicycle du mercredi 12 juin 2019 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

Je pense à la liberté de la presse. Je pense aux tentatives de perquisitions, aux convocations de journalistes par la direction générale de la sécurité intérieure, aux brutalités qui leur sont parfois faites dans les manifestations. Le Gouvernement ne peut pas avoir pour toute réponse que les journalistes sont des justiciables comme les autres, parce que ce n'est pas vrai. Je pense aussi à ce que la loi relative à la lutte contre la manipulation de l'information, dite loi « fake news », ou à ce que la loi sur la protection du secret des affaires auront entamé de la liberté d'informer. Je pense aux accusations portées au plus haut niveau de l'État selon lesquelles la presse ne chercherait plus la vérité.

Je pense à cette loi de circonstance, la loi dite « anticasseurs », aveu d'impuissance du Gouvernement débordé par des violences inqualifiables et parfaitement condamnables, mais qui portait une atteinte excessive à la liberté de manifester. Or la République, monsieur le Premier ministre, vit de libertés : moins de libertés, c'est toujours moins de République.

Je pense enfin aux droits des femmes, proclamés plus souvent qu'à leur tour mais qui se heurtent, à Bruxelles, à une directive sur le congé parental, ou hier soir encore au Sénat au refus de l'allongement des délais de l'interruption volontaire de grossesse.

Monsieur le Premier ministre, nous ne divergeons pas seulement sur la conception de l'exercice du pouvoir ou sur les libertés publiques : c'est une façon de voir le monde qui nous sépare irrémédiablement.

La suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune – ISF – et la baisse des aides personnalisées au logement n'étaient pas des erreurs de jeunesse, elles trahissaient en réalité, de façon claire, l'idée que vous vous faites d'un monde partagé entre les gagnants de la mondialisation et ceux qui pourraient servir leur train de vie, entre les premiers de cordée et les derniers de cordée. Il y a dans votre conception libérale du monde l'idée que l'on serait responsable de son sort et que l'on pourrait dès lors abandonner les gens à ce que vous pensez être leur destin de perdants – ceux qui ne font rien et qui donc ne sont rien.

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